Eco-rénovation : les clés pour se lancer
Dans un contexte de transition énergétique, tout concourt à développer les éco-rénovations afin d'atteindre certains objectifs de baisse de dépenses énergétiques. Ces travaux, qui prennent en compte la dimension écologique des techniques et des matériaux, participent à améliorer le confort de vie au quotidien mais également à valoriser un bien en vue d'une éventuelle revente.
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Dans le cadre d'une éco-rénovation, le recours à l'énergie photovoltaïque peut être envisagé, y compris, en complément d'une autre d'énergie, si possible renouvelable. Crédit photo : Pixabay© MariaGodfrida
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Transition énergétique : un cadre volontariste en matière d'habitat
Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 a fixé un objectif ambitieux en matière de performance énergétique de l'habitat. Avant 2025, « tous les bâtiments privés résidentiels dont la consommation en énergie primaire est supérieure à 330 kWh ep/m2.an doivent avoir fait l'objet d'une rénovation énergétique ». Son article 6 instaure également une obligation de rénovation énergétique des logements lors des mutations (achat/vente) à partir de 2030. Pour rappel, le DPE comprend 7 classes de A à G correspondant à un niveau de consommation énergétique :
- Classe A inférieur ou égale à 50 kWh ep/m2.an
- Classe B entre 51 et 90 kWh ep/m2.an
- Classe C entre 91 et 150 kWh ep/m2.an
- Classe D entre 151 et 230 kWh ep/m2.an
- Classe E entre 231 et 330 kWh ep/m2.an
- Classe F entre 331 et 450 kWh ep/m2.an
- Classe G supérieur à 450 kWh ep/m2.an
A ce jour, en France, ce sont près de 4,8 millions de logements qui sont qualifiés de « passoires énergétiques », soit un logement sur cinq classé en catégories F ou G. Le ton est donné sur la place que l'Etat entend donner à l'habitat dans le processus de transition énergétique. En effet, il faut rappeler que le secteur du bâtiment représente 44 % des consommations d'énergie en France. A plus long terme, à l'horizon 2050, il s'agit de « disposer d'un parc immobilier dont l'ensemble des bâtiments sont rénovés en fonction des normes «bâtiment basse consommation» ou assimilées, en menant une politique de rénovation thermique des logements concernant majoritairement les ménages aux revenus modestes. ».
Rénovation énergétique et éco-rénovation : quelles différences ?
Les deux notions sont proches et certains les confondent, pourtant elles désignent deux niveaux d'intervention bien distincts. Le premier relève de la rénovation énergétique qui tend à améliorer l'efficacité énergétique d'un logement. Les travaux consistent à réaliser des travaux d'économies d'énergie comme l'isolation thermique, le changement du système de chauffage, l'optimisation de la ventilation du bâtiment. L'éco-rénovation s'inscrit quant à elle dans une démarche plus globale d'amélioration en tenant également compte de l'impact des matériaux utilisés, des énergies retenues (renouvelables), des techniques de rénovation et de la préservation de la ressource en eau ou encore de la réduction des déchets.
Conseil n°1 - S'appuyer sur l'expertise des professionnels
L'éco-rénovation est indiscutablement une affaire de spécialistes. On peut trouver cette expertise auprès des professionnels de l'habitat qui se sont formés à ses innovations, ses matériaux et ses techniques. En effet, qui dit éco-rénovation dit avant tout rénovation, tous les corps de métiers du bâtiment sont susceptibles d'apporter leur expertise et leur appui sur un tel chantier. En plus de cette expertise, l'octroi de certaines aides est conditionné au recours à des artisans bénéficiant du label RGE (« Reconnu Garant de l'Environnement »). Pour rappel, ce label est attribué par un organisme de qualification (Qualibat, Qualit'EnR, Qualifelec) ou de certification (Cequami, Certibat) pour une durée de 4 ans. Pour en bénéficier, l'entreprise doit satisfaire certains critères en termes de volume d'activités et de compétences notamment. Le recours aux professionnels labellisés RGE est nécessaire pour prétendre à l'éco-prêt à taux zéro et au Crédit d'Impôt pour la Transition Energétique (CITE).
Actualité réglementaire
DPE : nouveau mode de calcul au 1er juillet 2021
L'ancienne version du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) se basait notamment sur les factures de consommation d'énergie du précédent occupant. Comme prévu par la loi Elan de 2018, à compter du 1er juillet prochain, il sera établi « sur les caractéristiques physiques du logement comme le bâti, la qualité de l'isolation, le type de fenêtres ou le système de chauffage ». Cette modification va écarter la possibilité d'établir des DPE vierges qui représenteraient actuellement 20 % des DPE réalisés. En effet, le mode de calcul avait ceci de contestable qu'en l'absence de factures disponibles (résidence secondaire ou logement inoccupé), on ne pouvait établir de DPE. Outre cette avancée, les futurs DPE prendront également en compte la consommation d'énergie liée à l'éclairage et plus, uniquement, le chauffage et l'eau chaude sanitaire. Enfin, le DPE deviendra « opposable juridiquement » au même titre que les autres diagnostics du bâtiment.
A compter du 1er juillet prochain, la méthode de calcul du DPE change en supprimant
la possibilité d'éditer des DPE vierges. Crédit photo : Pixabay© OpenClipart-Vectors
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Conseil n°2 - Savoir identifier les matériaux éco-responsables
Les labels et certifications - Afin de s'y retrouver dans la jungle des labels existants, il est recommandé de se fier aux labels reconnus. L'écolabel européen est délivré suite à l'étude du cycle de vie des produits, de l'extraction des matières premières, leur production, leur distribution, leur utilisation jusqu'à leur recyclage. Il existe également la marque NF Environnement, certification écologique officielle française, qui distingue les matériaux à l'impact environnemental réduit. Le PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières) porte plus spécifiquement sur la provenance de bois issus de forêts gérées durablement. Le label FSC (Forest Stewardship Council) garantit également la gestion durable des forêts et le respect de leur biodiversité. Crée par l'ADEME, le label Flamme Verte garantit quant à lui « la qualité et les performances énergétiques et environnementales des appareils domestiques de chauffage au bois ». On peut également citer la certification CSTBat (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) dédiée aux équipements en lien avec les installations et produits issus des énergies renouvelables ou enfin, l'Acermi qui certifie les performances thermiques des isolants. Au-delà de ces certifications, on peut trouver sur le marché des démarches non officielles, propres à certains fabricants ou marques.
Des critères bien précis - Pour être qualifié d'éco-matériau, un matériau doit s'inscrire dans une démarche globale de développement durable en termes de composants, de fabrication, de mise en œuvre ou encore de recyclage. S'il n'existe pas de définition officielle, on reconnaît les éco-matériaux grâce à un faisceau d'indices. D'abord, il est en principe issu d'une ressource renouvelable et ses impacts environnementaux doivent être, au mimimum, neutres et dans le meilleur des cas faibles. L'éco-matériau est également recyclable et sain, c'est-à-dire qu'il ne doit pas générer d'impacts négatifs sur la santé des hommes qui le manipulent, à savoir les artisans, ou qui sont en contact avec lui : les habitants du foyer. Enfin, idéalement, l'éco-matériau est aussi produit localement et disponible à proximité, en générant ainsi le moins d'impact possible en matière de transport. Ainsi, on peut classer dans la catégorie des éco-matériaux de construction la paille, la terre crue, le béton cellulaire fabriqué à partir d'un mélange de sable, ciment, chaux et gypse, l'argile, le bois, le béton de chanvre, mélange de chaux et de chanvre ou encore la brique silico-calcaire, mélange de chaux, de sable et d'eau ou encore le Fermacell composé de gypse et de fibres de cellulose. Côté isolants, on classe dans la catégorie des éco-matériaux les laines de mouton, de chanvre, de coton ou de bois, la laine ou la fibre de lin, la plume, la ouate de cellulose issue du recyclage de vieux papiers, le torchis, le béton végétal composé de chanvre, de roche volcanique et de chaux, les fibres de coco ou encore le liège.
Quid des matériaux biosourcés ? Parmi les éco-matériaux, ils constituent une catégorie à part car ils se distinguent comme leur nom l'indique par leur origine biologique, c'est-à-dire qu'il s'agit de matériaux issus du vivant, d'un animal ou d'un végétal. Certains le sont à 100 % comme le bois massif, la terre crue, le lin, la laine de mouton...
Conseil n°3 - Prioriser ses travaux d'isolation
Le toit est responsable des plus grandes déperditions thermiques, estimées à pas moins de 30 %. Outre l'aspect économique, des combles mal isolés peuvent occasionner de l'inconfort en se transformant en glacière l'hiver et en étuve l'été. C'est donc la rénovation à envisager en premier lieu. Une fois ces travaux réalisés, la qualité de l'air intérieur en sera tout de suite améliorée et le confort phonique accru. Il est ensuite conseillé de procéder à l'isolation des murs qui peuvent tout de même représenter 20 % à 25 % de déperdition d'énergie, puis à celle des sols qui pèsent pour 10 % environ. Les travaux d'isolation seront de préférence réalisés au printemps ou à l'automne lorsque les conditions météorologiques sont plus clémentes et ne viennent pas perturber le chantier.
Conseil n°4 - Remplacer ses fenêtres
Dans les logements anciens, les fenêtres sont responsables de la déperdition de chaleur à hauteur de 15 % à 20 %. Dans le cadre de toutes les rénovations, il est conseillé de les changer pour des fenêtres double vitrage consistant en une lame d'air ou de gaz (krypton ou argon) emprisonnée entre deux vitres. Si on opte pour une éco-rénovation, on privilégiera des menuiseries aux matériaux recyclables, notamment des fenêtres en bois, ou encore des fenêtres en bois aluminium composées d'une structure bois avec un capotage extérieur en aluminium protégeant le bois. A noter : l'aluminium est recyclable mais c'est une matière première non renouvelable. Afin de faire des économies d'énergie, la performance des menuiseries est essentielle, aussi il conviendra également d'examiner la longévité de ces équipements afin de faire le choix le plus en accord avec son projet d'éco-rénovation. Ces travaux d'isolation devront se doubler d'une réflexion sur la ventilation du logement et l'installation d'une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée).
Le remplacement des fenêtres s'impose lorsqu'on sait qu'elles sont responsables
de 15 % à 20 % de déperditions d'énergie dans les logements anciens. Crédit photo : By Freepik
Conseil n°5 - Evaluer son système de chauffage
Certains équipements de chauffage se classent parmi les bons élèves de l'éco-rénovation, soit parce qu'ils sont particulièrement performants, soit parce qu'ils utilisent une énergie renouvelable, voire les deux ! On compte par exemple parmi ces équipements les pompes à chaleur qui accumulent les calories présentes dans leur environnement et les redistribuer dans l'habitat. Autre option : les installations solaires thermiques qui s'appuient sur l'implantation de panneaux solaires, le plus souvent sur le toit de la maison, qui vont capter la chaleur du soleil et l'acheminer jusqu'à un ballon pour l'eau chaude sanitaire et le chauffage. La quantité de chaleur collectée dépendant de la météo, ces installations doivent être couplées avec d'autres. Les chaudières à bois et poêles à granulés utilisent quant à eux un combustible écologique, il faudra néanmoins privilégier un équipement labellisé « Flamme verte » (cf. supra).
Conseil n°6 - Privilégier les peintures écologiques
Très en vogue et recommandées dans le cadre d'une éco-rénovation, les peintures écologiques sont composées de résines naturelles d'origine minérale ou végétale : l'huile de lin, la chaux, l'argile…. Pour le liant, les fabricants privilégient également des ingrédients naturels dilués avec de l'eau comme l'huile de tournesol, la cire d'abeille ou encore le jaune d'oeuf. Côté tonalité, c'est généralement à des pigments minéraux extraits d'ocres que les peintures écologiques doivent leurs belles couleurs intenses mais le recours à des substances végétales est également possible. Ces peintures ne contiennent pas de métaux lourds, et pas ou très peu de COV, ces composés organiques volatils présents dans les peintures intégrant des composés chimiques. Si les peintures naturelles s'appliquent aussi bien que les peintures classiques, leur temps de séchage est un peu plus long. La plupart possèdent un très bon pouvoir couvrant et participent à une bonne perméabilité des murs.
Bonnes pour l'environnement, les peintures écologiques sont également meilleures
pour la santé en raison de leur teneur faible, voire nulle en COV. Crédit photo : Pixabay© Skitterphoto
Isabelle Barèges