Faune du printemps : les bons gestes en période hivernale
Nous serons bientôt au cœur de l'hiver, il est grand temps de préparer nos extérieurs en prenant soin de préserver les petites bêtes qui peuplent nos jardins. Impossible en effet pour elles de se réfugier comme nous au coin de la cheminée ! Et pourtant, tous les amoureux du jardin et du potager le savent bien, elles rendent de nombreux services quand les beaux jours reviennent. Alors quand le thermomètre descend, il est conseillé de chouchouter cette faune discrète et d'aménager autant que possible un jardin accueillant en toutes saisons.
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Le potager se prépare bien avant le printemps en créant
un jardin accueillant et respectueux de la biodiversité.
Crédit photo : Pixabay ©congerdesign |
Favoriser la biodiversité dans son jardin : le B.A.-ba
La nature fait bien les choses, à tel point que le plus petit des insectes peut s'avérer être très utile au jardinier. On pense bien-sûr aux prédateurs naturels, appelés les « auxiliaires », qui sont un moyen naturel pour lutter contre les maladies et contre les animaux nuisibles au potager. Dans ce cercle vertueux, tout est une question de bon sens. Le jardinier peut par exemple favoriser l'accueil d'animaux raffolant des limaces, c'est le cas des merles, des grives, ou encore des carabes, ces coléoptères dont les larves elles-mêmes se nourrissent de mollusques. Pour cela, il est recommandé de favoriser les abris naturels dans le jardin. Les haies sont par exemple des réservoirs de nourriture et des refuges pour la reproduction de nombreux prédateurs naturels à certaines conditions. Elles doivent en premier lieu être composées de plusieurs essences végétales qui vont filtrer plus efficacement le vent grâce aux différents volumes qu'elles vont occuper. On évitera aussi de tailler la haie pendant la période de reproduction des oiseaux, c'est-à-dire d'avril à septembre, afin qu'ils y trouvent refuge et nourriture. Ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres afin de favoriser la biodiversité au jardin et d'appliquer quelques préceptes de lutte biologique. Un jardin accueillant doit aussi par exemple comporter une mare ou d'un point d'eau. Outre le fait qu'ils apportent une vraie plus-value au plan esthétique, ils servent d'abreuvoir et de vivier de nourriture aux animaux du jardin. A ce titre, on conseille de les végétaliser de préférence avec des espèces locales afin de mieux répondre aux besoins de la petite faune.
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Passer l'hiver en milieu aquatique
Certains optent pour mettre les poissons rouges des bassins à l'intérieur, dans une cave. Dans ce cas, la température de la cuve dans laquelle ils sont transférés ne doit pas être supérieure à 10°C. En cette période, les poissons rouges hibernent, il ne faut donc pas les nourrir tout en s'assurant que l'eau circule bien. En bassin extérieur, les poissons vivront quelques mois au frais ce qui nécessite quelques aménagements. Il faut d'abord s'assurer que l'eau reste de qualité suffisante. En effet, en période hivernale, les bactéries utiles au maintien de la qualité de l'eau sont moins actives, on y palliera par l'ajout de solutions riches en bactéries ou en enzymes neutralisant le développement des algues. Pour éviter que l'eau ne se souille avec la chute de feuilles et autres végétaux, on peut également installer un filet de protection sur le bassin. Et pour les points d'eau équipés de pompes et de filtres, il existe des pompes d'hiver adaptées aux basses températures. Ces dernières apportent de l'oxygène aux poissons en créant une circulation d'air qui va éviter la formation de glace. Afin que le bassin ne gèle pas, on peut aussi y placer une bouteille en plastique lestée. Si une couche de glace vient tout de même à se former, il faut éviter de la briser et placer de préférence un récipient d'eau chaude au contact avec la glace jusqu'à ce qu'elle fonde. Côté nourriture, en extérieur, on recommande de nourrir les poissons jusqu'à ce que la température baisse aux alentours de 5°C, au-delà les poissons entrent en hibernation. Autres animaux amis du jardin, les amphibiens ne nourrissent d'herbes aquatiques à l'état de têtards mais deviennent carnivores une fois adultes. La grenouille raffole de nombreux insectes : les mouches, guèpes, papillons, chenilles, vers ou autres mollusques. Pour les chouchouter en période hivernale, on prendra également soin à laisser de la vase au bord des bassins. C'est en effet là que la grenouille s'enfouit et s'endort en cessant de s'alimenter. Si le bassin gèle, on utilisera la même technique que celle décrite ci-dessus même si la grenouille peut survivre grâce au glucose contenu dans ses organes et faisant office d'antigel. Les grenouilles sont des espèces protégées : Enlèvement, capture, utilisation et destruction sont interdits sans autorisation spécifique.
Été comme hiver, le bassin est le centre névralgique du jardin, il existe des pompes d'hiver
permettant de protéger la vie aquatique. Crédit photo : Couleur Média
Hibernation : comment aider les animaux auxiliaires ?
Ils sont nombreux à être fort utiles au jardinier qui s'assurera qu'ils passent l'hiver dans de bonnes conditions pour jouer leur rôle d'auxiliaires à plein une fois les beaux jours revenus.
- Les hérissons - S'ils passent en moyenne 18 heures par jour à dormir, lorsqu'ils se réveillent, ils sont affamés et font le bonheur du jardinier en se nourrissant d'araignées, d'escargots, de vers, de larves d'insectes... Ils affectionnent particulièrement les broussailles denses qu'il convient de ne pas couper à l'approche de l'hiver. Cet abri naturel peut être complété par un petit tunnel construit de planchettes de bois et dissimulé sous des feuilles mortes. Les commerçants proposent également des abris spécifiques, semblables à des maisonnettes en bois ou en osier ou encore équipées d'une structure métallique et de revêtements en broussailles.
A noter : le hérisson est une espèce protégée qu'il est interdit de capturer ou de chasser.
- Les vers de terre - Ils ne sont pas des prédateurs mais sont essentiels au maintien d'une bonne qualité de sol. Pendant l'hiver, ils continuent de s'alimenter de matières organiques qu'ils transforment en humus en creusant plus profond, sous la couche de terre gelée. Les jardiniers soucieux de la qualité de leur terre, étaleront sur leur plates-bandes des débris végétaux ou un peu de compost afin que le sol gèle moins vite. En période hivernale, on prendra également soin de protéger son compost qui a besoin de chaleur afin que la matière se décompose et que les vers de terre prolifèrent. Il est conseillé de placer son composteur à l'abri du froid et du vent même si, en toute logique, l'activité est ralentie. On continuera aussi à l'alimenter en évitant de le remuer pour faciliter le développement des micro-organismes. Enfin, certains n'hésitent pas à isoler la matière organique à l'aide de terre ou de feuilles.
- Les lézards des murailles - Ils se nourrissent de petits insectes, de mouches, de sauterelles, d'araignées mais aussi de petits mollusques. En hiver ils hibernent et affectionnent les crevasses dans les parois rocheuses. Ne causant aucun dégât au jardin, il est recommandé de ne pas les en chasser.
- Les insectes - Oui, le jardinier a également intérêt à protéger certains insectes en hiver car ce sont d'excellents pollinisateurs. C'est le cas des osmies, des mégachiles, des xylocopes ou encore des papillons qui trouveront refuge dans quelques branches suspendues ça et là, alors que les abeilles solitaires se réfugieront dans des briques trouées. Autre insecte ami des jardins, le perce-oreille est un excellent prédateur pour les pucerons et les chenilles. Pour le protéger, il suffit de disposer des pots en terre remplis de paille retournée. Tout au long de l'année, on favorise sa reproduction dans des petites branches creuses, par exemple des bambous, reliées entre elles et suspendues aux arbres. Autre prédateur redouté des pucerons, la coccinelle se réfugiera quant à elle dans les buis et les lierres qu'il faut donc éviter de tailler trop court à l'automne. Pour abriter toutes ces espèces, on peut également doter son jardin d'un hôtel à insectes composés de mousse, de cavités plus ou moins importantes et de végétaux de différents calibres pouvant accueillir cette petite faune en prenant soin de la positionner à l'abri des vents dominants, au sud et à l'ouest pour favoriser son réchauffement.
Pollinisateurs et prédateurs naturels trouveront refuge pendant l'hiver
dans un hôtel à insectes.
Crédit photo : Pixabay © Counselling
Quid des chauves-souris ?
En France, il existe 34 espèces de chauves-souris qui sont protégées ainsi que leur habitat de reproduction et d'hibernation. La chauve-souris se nourrit d'insectes, moustiques, papillons de nuit, coléoptères,qu'elle capture en vol une fois la nuit tombée. En une nuit, la plus petite des chauves-souris de notre région, la Pipistrelle commune, peut consommer jusqu'à mille moustiques. L'été est la période de chasse qui lui permet d'accumuler des réserves corporelles pour pouvoir hiberner. Elle augmente son poids de près de 30%. En hiver, elle recherche un abri humide et à température constante : cave, grotte, tunnel, fissure dans les constructions, muraille, sous-terrains désaffectés. Pour permettre aux chauves-souris d'accéder aux lieux fermés, il faut installer des grilles dont une partie des barreaux sont horizontaux avec un écartement entre les barreaux de 6 cm, en effet les chauves-souris ne sont pas capables de traverser les barreaux verticaux. Il est possible également d'installer des gîtes d'hibernation très bien isolés dans son jardin et pour le printemps des gîtes de reproduction, à confectionner soi-même ou à acheter dans le commerce. Pendant l'hibernation, la température de la chauve-souris diminue à une dizaine de degrés. Les fonctions vitales s'arrêtent sauf les battements du cœur et la respiration. Il faut préserver son gîte durant cette période : ne pas aller dans les endroits où elle loge, ne pas la réveiller (bruit, lumière...). Le guano des chauves-souris, qui peut-être récupéré en plaçant une toile sous son gîte, a une grande valeur fertilisante.
Oiseaux : créer un jardin accueillant
C'est bien connu, « A la Sainte Catherine, tout bois prend racine ». Tous les jardiniers sont invités à se munir de leur plus belle bêche le lundi 25 novembre pour planter arbres, arbustes et plantes vivaces rustiques. Certains sont plus accueillants que d'autres pour les oiseaux à qui ils fournissent une nourriture abondante comme un abri en hiver. Parmi les espèces les plus intéressantes, on compte notamment l'aulne, le bouleau, le chêne vert, le frêne, le tilleul ou encore le charme. Au jardin, les oiseaux sont les prédateurs des chenilles, des larves et des petits insectes. Ils affectionnent aussi les haies diversifiées à feuillage persistant et produisant les baies dont ils raffolent. Au-delà, de la végétalisation, on peut également installer des nichoirs qui feront aussi office d'abris. Ils devront être positionnés à différentes hauteurs selon les besoins de chaque espèce, attention également à leur exposition. Par ailleurs, on conseille de nourrir les oiseaux uniquement en période de gel ou de neige. Dans ce cas, on peut opter pour des graines mélangées à de la graisse dans un filet, des bâtons de nourriture, des pâtées et des sachets d'insectes disponibles dans les commerces. En participant à leur alimentation durant l'hiver, on aide ceux qui n'ont pas pu rejoindre un climat plus doux à lutter contre le froid.
Les oiseaux, très précieux au jardin, devront être nourris de préférence
en période de gel et de neige. Crédit photos : Couleur Média