Isoler sa maison : mode d'emploi
L'isolation de l'habitat est placée depuis plusieurs décennies au cœur des stratégies de développement durable. Dès 1974, les pouvoirs publics ont mis en place une Réglementation Thermique permettant d'améliorer la performance thermique des logements. Actuellement, la législation en vigueur est la Réglementation thermique 2012 (RT 2012). Si cette prise de conscience a permis d'agir sur la consommation d'énergie et d'alléger les factures des particuliers, elle a également conduit à repenser la notion de confort au quotidien.
Un logement efficacement isolé est un logement mieux coté sur le marché - Crédit photo : Fotolia©sarawutnirothon |
Isoler : une priorité économique mais pas seulement
Par rapport à une maison mal isolée, un habitat ayant fait l'objet d'une rénovation complète (murs, toiture, plancher/vide sanitaire) serait plus économe de 50% en matière de dépenses énergétiques. Selon l'ampleur des travaux réalisés, ces derniers sont rentabilisés en quelques années. Ces travaux permettent également d'augmenter la valeur marchande du bien mais pas seulement. Le confort thermique d'un logement est aussi un gage de bien-être pour toute la famille. En cas de mauvaise isolation, les murs et les fenêtres sont froids et créent un effet bien connu de « parois froides ». Ces dernières aspirent la chaleur du corps, tant et si bien qu'avec une paroi à 14°C et un air ambiant à 20°C, la température ressentie par les habitants ne sera que de 17°C. Autres sensations d'inconfort : les infiltrations d'air et l'humidité. Le taux d'humidité doit en effet être compris entre 35% et 60%, au-delà, une sensation de froid s'installe et l'espace devient moins salubre.
Isoler son logement permet de gagner en qualité de vie - Crédit photo : Fotolia©Viktoria
Quels sont les chantiers prioritaires ?
Dans les maisons construites avant 1974, les pertes de chaleur proviennent d'abord de la toiture (25% à 30%), puis des murs et des fuites (20% à 25%), des fenêtres (10% à 15%), des planchers bas (7% à 10%) et enfin des ponts thermiques (5% à 10%). En pratique, selon une étude récente, ce sont d'abord les toitures et les combles qui font l'objet de travaux de rénovation avec un peu moins de la moitié des superficies d'isolants posés. Les français font ensuite isoler en priorité les murs de leur habitat, puis les planchers et les sols.
Le B.a.-ba de l'isolation
Pour isoler efficacement un logement, il convient de respecter quelques principes de base. D'abord, assurer une bonne ventilation de l'espace en aérant régulièrement toutes les pièces de la maison, puis en installant une ventilation efficace de type VMC afin d'évacuer la vapeur d'eau issue de l'activité des occupants du foyer et de leur respiration. Il convient également d'éviter les transferts d'humidité qui sont responsables des phénomènes de condensation et des moisissures. Des solutions techniques existent pour y remédier en amont de toute rénovation thermique. Autre problème : les fameux ponts thermiques qui sont en réalité des zones d'interruption de l'isolation thermique dans une façade, un mur ou la toiture et qui sont responsables de déperditions d'énergie et de condensation. Ils sont notamment présents entre le plancher et les murs, les murs et les menuiseries des fenêtres, le toit et les murs, les balcons et les murs ou encore au niveau de l'ossature. Pour y remédier, l'isolation du logement doit être continue. Enfin et c'est le plus important, avant d'entreprendre des travaux dans le but d'améliorer l'isolation de sa maison, il convient de solliciter l'expertise d'un professionnel du bâtiment. Chaque chantier est effectivement unique, selon le type de bâtiment, son année de construction, sa structure, en pierre, en bois, en brique…, son agencement, et sa zone d'implantation. Même si le Diagnostic de Performance Energétique (DPE) ne saurait suffire, il peut cependant constituer une première étape à la réalisation d'un examen plus poussé. Dans ses conclusions, il inclut en effet des préconisations quant aux travaux à réaliser pour améliorer la performance énergétique du logement et livre quelques données-clés : une première estimation du coût de la rénovation, les économies d'énergie réalisables ou encore le retour sur investissement. Néanmoins et pour aller plus loin, une expertise complète s'impose, réalisée par les professionnels de la rénovation énergétique, Espaces Infos Energie ou spécialistes de l'habitat. Cet impératif est d'autant plus vrai pour les bâtiments anciens afin de concevoir une rénovation respectueuse des équilibres thermiques et hygrométriques du bâti d'origine.
Les isolants : entre matériaux classiques et solutions dans l'air du temps
En matière d'isolants classiques, on peut avoir recours au béton cellulaire (murs porteurs ou planchers) ou au monomur de briques en terre cuite (murs porteurs) plus généralement utilisés dans les constructions neuves. Il existe ensuite des isolants issus de l'industrie pétrochimique : le Polystyrène expansé (PSE) (planchers, murs, combles), le Polystyrène extrudé (XPS) (plancher, sol, combles et toiture), le polyuréthane (PUR) (toitures, murs). Une troisième catégorie englobe les laines minérales, laines de roche et laines de verre (toiture, comble, cloisons), la perlite expansée ou le verre cellulaire (toitures et murs). En pratique, les laines minérales représentent le gros du marché avec 50% des superficies d'isolants posés. Viennent ensuite les isolants issus de l'industrie pétrochimique avec plus de 40%. En matière d'isolation, la tendance est actuellement aux isolants « biosourcés » d'origine végétale dans la rénovation comme dans la construction neuve. Selon leurs propriétés, ils sont conseillés pour l'isolation de toutes les surfaces (planchers, combles, toitures et murs) ou de surfaces en particulier. On compte parmi eux les fibres et les laines de bois fabriqués à partir de déchets de scierie, d'ouates de cellulose ou de papier et textile recyclés, puis les isolants élaborés à partir de chanvre, de lin ou de paille de céréales. Sont également accessibles des panneaux isolants élaborés à partir de fibre de coco en principe associés à des couches de liège. Ces derniers sont utilisés pour isoler les cloisons murales et les sols. Autre tendance : la laine de mouton, quasi ininflammable et accessible sous forme de panneaux, de rouleaux ou en vrac. Utilisée de préférence dans les combles ou en toiture, elle est à proscrire dans les pièces humides car elle a tendance à absorber l'eau. Malgré la diversité des isolants biosourcés déjà présents sur le marché, les fabricants n'entendent pas s'arrêter là… L'un d'entre eux propose par exemple des panneaux isolants à base d'herbe de prairie. En réalité, il s'agit de fibres d'herbes, la partie organique de la plante étant réservée à l'alimentation animale, auxquelles est ajouté de l'amidon. Leur performance thermique est bien réelle et se chiffre à 0,040 W/(m,K). Le faible impact environnemental de ces isolants et leur niveau de performance en font des matériaux indéniablement en vue. En effet, ils présenteraient des atouts de taille en terme d'inertie, de perspirance et d'hygrorégulation. Ainsi, les isolants dits biosourcés représentent aujourd'hui près de 10% du marché des isolants pour murs et toiture, la moitié d'entre eux étant des fibres de bois posées principalement en isolation par l'extérieur.
La tendance est clairement aux isolants écologiques - Crédit photo : Fotolia©Arpad Nagy-Bagoly
Repères : bien lire les étiquettes
Selon la nature des travaux d'isolation à réaliser et la performance attendue, c'est le professionnel qui va émettre des préconisations quant aux isolants à privilégier. Pour cela, il se réfère à plusieurs indicateurs qu'il est bon de rappeler. Un isolant doit tout d'abord faire l'objet d'un marquage CE qui atteste de sa conformité à la directive européenne relative aux produits de construction. Le certificat ACERMI (Association de Certification des Matériaux Isolants) prouve par ailleurs leur conformité aux exigences de la réglementation thermique française. Le niveau de performance d'un isolant s'apprécie d'abord à sa conductivité thermique, à savoir la quantité de chaleur traversant en une heure 1 m² de paroi d'un mètre d'épaisseur. Plus elle est faible, plus le matériau est isolant. Puis à sa Résistance thermique R exprimée en m2.K/W, qui s'obtient par le rapport de l'épaisseur de l'isolant (en mètres) sur sa conductivité thermique. Plus la résistance thermique est grande, plus le matériau est isolant.
Isolation des combles : quelles solutions ?
Si les combles mal isolés sont sujet aux déperditions d'énergie en hiver, ils occasionnent également des surchauffes parfois importantes en période estivale. Les combles perdus peuvent être isolés par isolant à poser, par soufflage de l'isolant à l'aide d'un compresseur et d'une machine de soufflage mécanique ou par épandage manuel d'un isolant en vrac. La technique utilisée sera notamment fonction de la hauteur sous plafond disponible. L'isolation de combles aménagés peut quant à elle se faire sous rampants, c'est-à-dire que l'isolant conditionné sous forme de rouleaux ou de panneaux, est directement appliqué sur la charpente. Cependant, afin de préserver le maximum de surface habitable, on peut également avoir recours à une technique d'isolation par l'extérieur appelée « sarking » qui consiste à isoler les charpentes traditionnelles par-dessus les chevrons.
Pour gagner en m2, l'isolation des combles peut se faire par l'extérieur - Crédit photo : Fotolia©NilsZ
Quelles sont les aides ?
Les travaux d'amélioration énergétique peuvent sous conditions bénéficier :
- du CITE (Crédit d'Impôt pour la Transition Energétique). Il est accessible aux locataires ou aux propriétaires de logements achevés depuis plus de 2 ans (habitation principale) jusqu'à fin 2020 à hauteur de 15% à 50% du montant des dépenses engagées. Le CITE s'élève à 8 000 € pour une personne seule et à 16 000 € pour un couple. Les travaux éligibles sont notamment l'isolation thermique des parois opaques (toiture, planchers bas et murs en façades ou en pignon), l'isolation thermique de parois vitrées (fenêtres et portes-fenêtres), le diagnostic de performance énergétique et l'audit énergétique.
- de la Réduction d'impôt Denormandie accessible dans certaines villes et destinée aux particuliers qui achètent un logement à rénover pour le louer
- du taux de TVA réduit à 5,5% sur certains travaux notamment les matériaux d'isolation thermique des parois opaques ou vitrées, les volets isolants ou les portes d'entrée donnant sur l'extérieur
- de l'éco-prêt à taux zéro qui est prorogé jusqu'en 2021
- des certificats d'énergie délivrés par les fournisseurs d'énergie à condition que les travaux soient réalisés par un professionnel labellisé RGE
- des aides de l'ANAH sous certaines conditions de ressources
- des chèques énergie réservés aux personnes aux revenus modestes
Pour une information exhaustive, vous pouvez consulter le portail www.economie.gouv.fr/particuliers/aides-renovation-energetique ainsi que votre Espace Info Energie (EIE).
Isabelle Barèges
Un audit énergétique est un préalable indispensable à tout travaux d'amélioration
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