Les maisons du Lauragais

Rénovation : les clés pour valoriser son patrimoine Dans notre région, le succès du bâti ancien ne se dément pas. Mais si le charme d'un habitat traditionnel est éternel, il impose aussi un certain nombre d'obligations qui présentent l'opportunité de le faire évoluer. Son entretien comme sa rénovation s'appuient sur les savoir-faire de professionnels spécialisés. De part leur expertise, ils seront de précieux conseils afin d'envisager les travaux à réaliser, les techniques à mettre en œuvre comme les matériaux à privilégier.

Qu'il s'agisse de rénover son habitat pour préserver ou pour moderniser l'existant, de nombreux travaux permettront avant tout de valoriser son patrimoine tout en lui faisant traverser les âges.

Toitures et façades : une nouvelle obligation d'isolation
La Loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance impose l'isolation systématique en cas de travaux de rénovation conséquents. Cette obligation pèse depuis le 1er janvier 2017(1) sur tous les bâtiments à usage d'habitation et porte aussi bien sur les ravalements de façades que sur les réfections de toiture. Concernant les ravalements de façades, les travaux doivent consister en une réfection d'enduit ou une installation de parement sur au moins 50% de la façade, hors ouvertures. A noter, les travaux d'isolation mis en œuvre doivent correspondre à une performance thermique conforme à la règlementation thermique dite « élément par élément » (arrêté du 3 mai 2007). Cependant toutes les catégories de façades ne sont pas concernées, seules le sont les façades en briques industrielles, blocs béton industriels, béton banché et bardages métalliques. L'obligation ne concerne donc pas les « façades en pierre, terre crue, torchis, bois, matériaux de fabrication artisanale et recouvertes d'un enduit à la chaux, au plâtre, en terre... ». Autres catégories de travaux de rénovation concernés, ceux qui portent sur la toiture : réfection de toiture ou installation d'une sur-toiture sur au moins 50% d'une toiture. Ne sont donc pas concernés les travaux de nettoyage, de démoussage ou d'imperméabilisation qui par nature ne relèvent pas d'une réfection. Le législateur
a néanmoins prévu 4 catégories de dérogations liées à la faisabilité technique et économique de cette isolation. Il s'agit tout d'abord d'« impossibilités techniques liées à des risques de pathologie, attestés par un homme de l'art », puis d'impossibilités juridiques vis-à-vis du droit de l'urbanisme, du droit de la propriété privée ou enfin des prescriptions prévues pour les secteurs sauvegardés en raison de leur caractère architectural ou patrimonial. Autre dérogation : le risque de dégradation de la qualité architecturale d'un bâtiment, attesté par un architecte. Enfin, l'obligation d'isolation ne s'applique pas en cas de rentabilité des travaux d'isolation supérieure à 10 ans. Pour faire valoir cette dérogation, un professionnel doit procéder à un calcul conforme à la méthode établie dans le guide sur l'obligation d'isolation.
A noter, quelle que soit la nature des travaux de rénovation, de façade ou de toiture, c'est la date du devis ou du contrat de maîtrise d'œuvre qui fait foi. Ainsi, si le devis est antérieur au 1er janvier 2017, les propriétaires ne seront pas soumis à l'obligation de coupler leurs travaux avec des travaux d'isolation. Pour en savoir plus sur cette nouvelle obligation, nous vous conseillons de télécharger le Guide Ademe « Ravalement, rénovation de toiture, aménagement de pièces : quand devez-vous isoler ? » sur le site www.ademe.fr.

Les solutions de rénovation de façades
Rénovation ou ravalement ?
On distingue en principe la rénovation du ravalement de façade. Dans le premier cas, il s'agit d'une reconstruction de façade en principe ancienne, et dans le second, cela désigne des travaux de réparation suite une fissure par exemple ou un rafraîchissement à l'aide d'une nouvelle peinture par exemple.
Fissure ou faïençage ?
En matière de façades, il existe plusieurs catégories d'usures ou de défauts peuvant apparaître avec le temps. Tout d'abord, la fissure qui est une fente de 0,2 mm à 2 mm de large que les professionnels vont reboucher avant d'appliquer un revêtement d'imperméabilité. Au-delà de 2 mm, on parle plutôt de lézarde qui nécessite l'intervention d'un maçon. Autre dommage du temps : le faïençage. Il s'agit de craquelures fines et superficielles qui impliquent la pose d'un revêtement.
Les travaux à mettre en oeuvre
Pour évaluer l'état des façades de sa maison et envisager les travaux à mettre en œuvre, il est essentiel de faire appel aux professionnels du bâtiment. Plusieurs catégories de travaux s'avèrent courants afin de redonner un coup de jeune au bâti d'origine. On peut d'abord réaliser un rejointement de façade. Cette opération a pour but d'éviter que les pierres ne s'abîment ou ne soient attaquées par l'humidité. Le professionnel va identifier tous les joints abîmés et les réparer avec un enduit épais à base de chaux. Il peut également, selon l'esthétique souhaitée, réaliser un enduit à pierre vues qui va consister à recouvrir les pierres pour ne garder apparentes que les faces des plus belles ou les plus saillantes. Lorsqu'on réalise ce type d'enduit, la pierre ne transparaît que très légèrement. Pour une opération de rénovation plus globale, on peut également opter pour redonner son lustre à l'enduit d'origine ou le renouveler. Généralement les maisons traditionnelles, en pierre, ont été recouvertes d'un enduit à base de chaux ou de terre destiné à protéger les façades des intempéries. Pour conserver le caractère du bâti d'origine, les professionnels peuvent recommander deux catégories d'enduits. L'enduit traditionnel qui est composé de chaux hydraulique naturelle et de sables locaux. Son aspect, qui peut différer d'une maison à une autre, est fonction de la granulométrie des sables utilisés et de leurs couleurs. Ce type d'enduit est appliqué à la taloche et brossé avant durcissement complet afin de mettre en évidence les grains de sable. Il s'avère intéressant pour masquer au passage quelques défauts de la façade d'origine. On peut également opter pour un enduit monocouche composé de ciment et de chaux dans certaines conditions seulement, par exemple si les murs d'origine sont en briques. Il est absolument à proscrire sur des murs en pierre car cet enduit n'est pas perspirant.

La pierre et la brique
Pour restaurer les murs en pierre d'origine, les professionnels vont d'abord identifier tous les matériaux qui les composent, le mortier utilisé, l'aspect d'origine et les altérations qui l'ont modifié. Ce bilan va permettre de recommander tel ou tel traitement. On distingue plusieurs catégories de murs en pierre, tout d'abord les murs en pierres équarries constitués de pierre grossièrement taillées et de joints de largeur variable. Pour les restaurer, il conviendra d'abord d'extraire le mortier jugé instable avant de regarnir les joints du même mortier. Sa couleur devra idéalement se rapprocher le plus possible de celle des pierres. Notez que sur les murs en pierres équarries, les pierres sont généralement laissées apparentes. Il existe également des murs en pierres du tout-venant aux joints larges et irréguliers. Ces façades étaient en principe enduites et les travaux de rénovation pourront porter sur la réparation de l'enduit d'origine. Sur notre territoire, on constate également la présence de murs en brique cuite dite «foraine». Le hourdage a été réalisé à partir de chaux, de sable et de terre. En cas de brique descellée par exemple, on purgera les joints et on remplacera la brique avec un mortier adapté.
Pour ce qui est des formalités administratives, la rénovation d'une façade nécessite le dépôt en mairie d'une demande de déclaration de travaux. En zone classée, la procédure est plus lourde et requiert l'accord de l'architecte des Bâtiments de France. Pour une opération de ravalement en milieu urbain, il conviendra également de solliciter en mairie une autorisation d'occupation temporaire du domaine public pour l'espace occupé par les échafaudages. En principe, ce sont les professionnels qui interviennent sur le chantier qui se chargent de cette dernière formalité et l'inclut dans leurs prestations. Concernant les contraintes mêmes de la rénovation, il convient de se référer aux documents d'urbanisme afin de s'assurer de respecter les codes architecturaux locaux. A ce titre, la règlementation locale peut imposer une couleur de façade, seules certaines catégories de teintes sont autorisées sur un même territoire afin d'assurer une meilleure intégration paysagère.

Toitures : un examen s'impose
Pour vérifier le bon état d'une toiture, le diagnostic d'un professionnel est incontournable. L'équipement peut ne nécessiter qu'une intervention légère consistant simplement à changer quelques tuiles ou un chéneau. Par ailleurs, les matériaux d'isolation et la charpente devront être scrutés afin de ne révéler aucune défaillance ou de procéder aux travaux de réparation qui s'imposent. Pour rénover une toiture en tuile bénéficiant d'un certain âge, il conviendra de soigner l'esthétique en se référant aux usages locaux et en ayant recours autant que possible à des tuiles patinées, dont l'esthétique sera la plus proche possible des tuiles existantes. Pour cela les professionnels peuvent avoir recours à la récupération de matériaux anciens. Côté formalités, aucune déclaration n'est requise à condition de restaurer la toiture à l'identique.

Pour une réfection de toiture réussie, on prendra soin de choisir des tuiles patinées afin de ne pas créer de contrastes entre les vieilles tuiles et les nouvelles. crédit photo : Fololia© Iuliia

L'atout charme des rénovations à l'ancienne
Ces rénovations requièrent souvent des savoir-faire pointus qui s'appuient notamment sur des techniques spécifiques. C'est le cas de la réalisation d'enduits à la chaux et du recours aux pierres taillées. Pour isoler comme pour élaborer des enduits de finition, les artisans spécialisés ont parfois recours au chanvre. En plus de son caractère traditionnel, ce mortier est idéal pour couper l'effet de paroi froide, isoler thermiquement, améliorer le confort acoustique de l'habitat et garantir une maison perspirante en toutes saisons. Par ailleurs son aspect offre une finition authentique. Les artisans spécialisés dans les rénovations à l'ancienne s'appuient également sur la récupération de matériaux d'origine ou la recherche de matériaux similaires de substitution. Il peut s'agir d'encadrements de fenêtres, de chaine d'angle, de poutres en chêne, de dallage ancien, de pierres ou encore de pièces de bois. Cette recherche permet la restauration de murs en pierre ou encore de poutres et de charpentes apparentes.

Et si on redistribuait l'espace ?
Dans le bâti ancien, la tendance est à la rénovation mais également à la modernisation. A l'image de nos habitudes de vie et de la composition de notre foyer, ces habitations sont en effet en mouvement. Leur rénovation donne désormais lieu à des réflexions architecturales tendant à intégrer les codes du moment. Ainsi, la tendance est au clairement au décloisonnement et il arrive même que les rénovations récentes ne conservent, au final, que les éléments porteurs de la bâtisse d'origine, notamment les murs et les poutres. L'espace est clairement redessiné afin de satisfaire les besoins de tous les occupants. On élimine les petites pièces de vie pour créer un espace plus grand où l'on circule plus aisément. On ouvre plus volontiers les espaces vers l'extérieur afin de faire entrer la lumière en
se dotant de fenêtre de toit ou en créant des verrières. Le rapport entre l'intérieur de la maison traditionnelle et son environnement s'en trouve profondément modifié pour satisfaire un besoin de lumière largement partagé. De même, des opérations de rénovation vont consister à corriger certaines caractéristiques du bâti ancien tout en gardant sa pertinence architecturale. Ainsi, on créera par exemple des « zones tampons » : une entrée pour éviter un accès direct vers l'extérieur ou encore une loggia, côté soleil, qui pourra servir de jardin d'hiver.

On optimise les volumes existants
En rénovation, on aura volontiers recours à la petite maçonnerie pour créer des rangements sur mesure. Ces volumes plus ou moins conséquents peuvent être réalisés à partir de carreaux de plâtre ou de béton cellulaire. Les habitations traditionnelles se caractérisent par des coins et recoins que l'on n'hésitera pas à optimiser, comme les angles et les parties basses des combles. Autre opportunité : une belle hauteur sous plafond sera bien exploitée à l'aide de placards muraux et coulissants équipée d'une échelle d'intérieur pour accéder aux étagères les plus hautes. Elle permet aussi de créer une mezzanine qui fera office de pièce de détente pour toute la famille. Pour valoriser cette hauteur sous plafond, on optera pour des poutres et une charpente apparentes qui soulignent le caractère du bâti d'origine. Dans les habitats anciens, les combles offrent également un potentiel extraordinaire. Leur rénovation permet de créer un espace de vie supplémentaire : une chambre d'ami, une bibliothèque, une salle de jeux ou encore un bureau. Là encore, la rénovation peut s'appuyer sur les éléments architecturaux d'origine, notamment la charpente afin de donner du cachet au nouvel espace. On créera volontiers de nouvelles ouvertures, de types chien-assis ou velux, pour améliorer la luminosité de ces espaces souvent confinés.

On gagne en surface
Globalement, la tendance est à une augmentation de la surface vitrée pour récupérer de la chaleur en hiver et créer des zones de ventilation en été. Dans cette optique, créer une véranda ou une pergola fermée permet également de se doter d'un espace de vie supplémentaire. Pour respecter les codes architecturaux du bâti d'origine, les concepteurs de ces ouvrages privilégieront certains matériaux et une couleur en adéquation avec la bâtisse. Certains professionnels sont également spécialisés dans la réalisation d'ouvrages sur mesure dans les styles anglais ou art nouveau. Les lignes de ces vérandas sont d'une telle diversité qu'elles peuvent s'intégrer à coup sûr à toutes les habitations. Leurs colonnes peuvent êtres richement travaillées, certaines s'assortissent d'une marquise coordonnée alors que d'autres, plus volumineuses, arborent une toiture arrondie ou se parent d'un lanterneau à leur sommet. Leur implantation peut être envisagée pour servir d'entrée, de jardin d'hiver et même de cuisine ! Si ces vérandas traditionnelles en acier ou fer forgé sont à la mode en raison de leur charme art nouveau, elles ne sont pas les seules à attirer les candidats à la rénovation. En effet, les lignes épurées des ouvrages plus contemporains épouseront également à merveille le style des habitations traditionnelles et la noblesse des matériaux qui les caractérisent, à savoir la pierre et le bois. Pour rappel, la construction de cette pièce supplémentaire ne nécessite pas de déposer en mairie une déclaration de travaux à condition que sa surface soit inférieure à 40 m2.

Isabelle Barèges

1/ Décret n° 2016-711 du 30 mai 2016 relatif aux travaux d'isolation en cas de travaux de ravalement de façade, de réfection de toiture ou d'aménagement de locaux en vue de les rendre habitables