Chauffage : à chacun sa formule
A l'heure où le confort thermique s'impose comme l'une des problématiques majeures de l'habitat, il est essentiel de s'interroger sur les solutions de chauffage accessibles à son budget et à son logement. S'il existe une large palette des ressources énergétiques, la question de développement durable est au centre des préoccupations des consommateurs et des fabricants qui misent sur des solutions innovantes. Construction neuve, bâti traditionnel, agencement, habitudes de vie du foyer, il n'existe pas une formule gagnante mais plusieurs qui s'appuient souvent sur différentes sources d'énergie.
	L'ét ude ci-dessous démontre clairement que les hommes et les femmes ne sont pas égaux ! En revanche pour une grande majorité des français, confort thermique rime en premier lieu avec dépenses énergétiques limitées. crédit photo : Fotolia© highwaystarz

Les bons points des travaux d'amélioration de l'habitat
Avant de rechercher une réponse en terme de chauffage, il est essentiel d'optimiser son habitat en effectuant au besoin quelques travaux d'isolation. A l'aide d'une étude thermique, on mettra en évidence l'existence de ponts thermiques et l'on déterminera la performance de l'isolation de la toiture, des sols, des murs et des fenêtres, à l'origine des principales déperditions de chaleur : -30% pour la toiture, -25% pour les murs, -7% pour les sols et -13% pour les vitres. En construction comme en rénovation, l'étude thermique est très utile afin de connaître, pièce par pièce, la consommation en énergie et de prioriser les travaux à mettre en œuvre : toiture, isolation des combles, pose d'un double vitrage... Le diagnostic ainsi que la réalisation des travaux devront être confiés à des artisans spécialisés. La ventilation de l'habitat devra également faire l'objet de beaucoup d'attention car elle est un complément indispensable à l'isolation.

Les principales sources d'énergie
Les options sont désormais multiples et le choix d'une ou de plusieurs énergies à la base d'une réflexion sur les équipements de chauffage. Parmi les énergies fossiles, on trouve d'abord le gaz naturel. Il émet 25% de moins de gaz à effet de serre que le fioul. Depuis quelques années la technologie se met au service de cette ressource avec des chaudières, notamment à condensation, qui obtiennent de très bons rendements. Outre le confort, les installations au gaz sont compatibles avec d'autres sources d'énergie renouvelables comme le solaire thermique ou la pompe à chaleur. Autre énergie fossile : le fioul. Là encore, l'innovation a permis de considérablement réduire la consommation et les émissions de gaz à effet de serre. On a également agi sur la qualité du carburant Fioul domestique. La chaleur diffusée dans les habitats chauffés au fioul est homogène et n'assèche pas l'air ambiant. Il est également de plus en plus souvent couplé avec des énergies renouvelables. La part de l'électricité d'origine nucléaire est insuffisante pour couvrir les besoins en électricité. Elle doit donc être complétée par une électricité produite à partir de charbon, autre énergie fossile fortement génératrice de gaz à effet de serre cette fois-ci. Enfin, le propane est une énergie gaz, également appelée GPL (gaz de pétrole liquide), qui offre aussi des rendements intéressants grâce aux chaudières à condensation. En matière d'énergies renouvelables, les installations de chauffage peuvent d'abord s'appuyer sur la géothermie qui consiste à exploiter la chaleur stockée dans le sous-sol ou dans les nappes souterraines. L'aérothermie ou « chaleur de l'air » permet quant à elle de récupérer la chaleur contenue dans l'air extérieur et de la restituer pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire. Autre possibilité : le bois-énergie qui est la première des énergies renouvelables et pèse 47% des ressources. Le bois-énergie prend la forme de bûches, plaquettes ou encore granulés et est destiné à tous les types d'appareils individuels ou collectifs. L'énergie solaire photovoltaïque provient quant à elle de la conversion de la lumière du soleil en électricité. La performance d'une installation photovoltaïque dépend d'une part de l'orientation des panneaux solaires puis du niveau d'ensoleillement de la zone géographique d'implantation. Plus marginal, le bioéthanol est un biocarburant produit à partir de betteraves ou de céréales distillées, c'est une énergie propre. Enfin, l'énergie éolienne permet aussi de produire de l'électricité et participe à l'alimentation de certains matériels de chauffage.

Les français sont incités à se tourner vers les énergies renouvelables.
En rénovation, l'énergie solaire peut être le complément idéal d'un équipement existant fonctionnant
à partir d'une énergie fossile comme le gaz ou le fioul. crédit photo : Fotolia© Yves Damin

Quelle énergie choisir ?
Dans un habitat neuf, le respect des Réglementations Thermiques en vigueur, notamment la RT 2012, garantit des besoins réduits en chauffage. Le choix de l'énergie sera fonction du coût de l'énergie mais pas seulement : des considérations environnementales entreront également en ligne de compte favorisées par des incitations financières. Dans les maisons anciennes, tous dépend des installations déjà présentes dans l'habitat. On peut aussi bien exploiter l'existant (cheminée ou radiateurs par exemple) qu'envisager une rénovation de plus grande envergure nécessitant d'opter pour des installations plus coûteuses à l'achat mais plus économes en énergie. Dans tous les cas, une solution mixte ou bi-énergie s'avèrera particulièrement intéressante : une énergie renouvelable, solaire ou éolienne, en relève d'une chaudière gaz ou fioul par exemple. Dans les régions boisées, on peut également envisager l'installation d'une chaudière mixte fioul ou gaz/bois.

Chauffage central ou individuel ?
Un système de chauffage central repose sur une chaudière ou pompe à chaleur chauffant en boucle l'eau du circuit de chauffage avant de la rediriger vers des émetteurs de chaleur, radiateurs ou plancher chauffant. Il présente l'avantage d'un bon confort de chauffe c'est-à-dire que la chaleur est uniforme et toujours égale. Les nouveaux équipements, notamment les chaudières à condensation, ont également de bons rendements et fonctionnent avec tous types d'énergies même renouvelables. Il faudra cependant disposer d'un espace de stock-
age conséquent : une cuve pour les énergies fossiles ou un espace pour les granulés de bois ou les bûches. En l'absence de chauffage central on peut s'appuyer sur différentes sources émettrices de chaleur disposées dans les principales pièce de la maison : un insert, un poêle, des radiateurs fixes ou mobiles. Dans la plupart des cas, la régulation de la température est assurée via un thermostat sur l'appareil ou dans la pièce.

La taille et les matériaux des émetteurs de chaleur, notamment les radiateurs, seront fonction
des besoins en chauffage et du volume à chauffer pièce par pièce. On trouve aujourd'hui sur le marché
une large gamme de radiateurs alliant performance et design. crédit photo : Fololia© NJ

Comprendre le rendement d'un équipement
Le rendement se définit par la part de la chaleur produite restituée à l'habitat, il s'exprime en pourcentage. Plus ce pourcentage est élevé, plus la chaleur produite est efficace.

Quels équipements ? Les convecteurs - Ils se distinguent des radiateurs en produisant une chaleur convective par un système d'aspiration d'air qui est ensuite réchauffé. En principe, la chaleur se répartit de manière plus uniforme que la chaleur radiante.
Les radiateurs - Dans les radiateurs, l'eau chaude circule dans des tuyaux ou des panneaux qui réchauffent à leur tour l'air ambiant. On parle alors de chaleur radiante ou rayonnante.
Les inserts - Leur rendement est en moyenne cinq fois plus élevé qu'un foyer ouvert. Alimentés de bûches, ils produisent une chaleur qui chauffe les parois de l'insert ainsi que l'air ambiant qui pourra être distribué à l'intérieur du logement à l'aide de grilles.
Les poêles à bois - Ils offrent d'excellents rendements compris entre 60% et jusqu'à 93% pour des poêles de masse à granulés. De plus, les modèles les plus récents offrent une autonomie de 12 à 24h.
Les chaudières à bois - Elle nécessitent un investissement plus élevé pour un meilleur rendement : de 75 à 95% pour les chaudières à plaquettes et jusqu'à 105% pour les modèles à condensation alimentés en granulés.
Les chaudières à condensation - Elles récupèrent de l'énergie en condensant la vapeur des gaz de combustion et consomment donc moins d'énergie que les chaudières classiques. Alimentées au fioul ou au gaz, elles permettraient en effet une économie d'énergie de 6% à 8%.
Les chaudières polycombustibles - Elles associent deux foyers permettent de coupler par exemple bois et gaz naturel ou bois et fioul. A noter : le changement d'énergie se fait automatiquement.
Les chaudières électriques - En version murale, elles sont peu encombrantes, s'intègrent partout et ne nécessitent aucune évacuation. Leur rendement dépasse 90 %.
Les chaudières à gaz - Elles sont murales ou se posent au sol. Lorsqu'elles fonctionnent au GPL, elles nécessitent l'installation d'une cuve enterrée ou aérienne et une évacuation.
Les pompes à chaleur - La pompe à chaleur (PAC) air-eau puise des calories dans l'air extérieur pour les injecter dans le circuit de chauffage de la maison alors que la pompe à chaleur (PAC) air-air puise des calories dans l'air extérieur pour les diffuser à l'intérieur du logement. Elles présentent l'avantage d'être très économiques puisque pour 1Kwh consommé, la PAC restitue 3kwh d'énergie.
Les planchers chauffants - Leur structure est composée de tuyaux de chauffage posés sur un isolant puis sur une dalle en béton. La chaleur se propage dans toute la maison via une chape recouverte de carrelage ou d'un plancher.

Les poêles à pellets ont fait une entrée remarquée au sein de nos foyers. Economiques, ils bénéficient
d'un bon rendement, sont faciles d'utilisation et autonomes. Selon les besoins, il conviendra cependant
de prévoir un espace de stockage suffisant. crédit photo : Fotolia© delkoo

Entretien : les bons réflexes
Selon l'équipement, certains gestes peuvent être utiles afin d'améliorer la longévité et la performance des installations. Ainsi, on recommande de dépoussiérer les radiateurs électriques, et de les faire vérifier tous les 5 ans par un professionnel. Concernant les pompes à chaleur, leurs récepteurs et émetteurs devront être libres de tout obstacle. Le législateur impose un contrôle annuel par un spécialiste dès lors qu'elles contiennent plus de 2 kg de fluide frigorifique. C'est également le cas de toutes les chaudières (fioul, gaz, bois, charbon, multicombustibles…) dont la puissance est comprise entre 4 et 400 Kw. Le Règlement Sanitaire Départemental impose enfin un ramonage des conduits de fumée, conduits de raccordement et poêles deux fois par an dont une fois en période de chauffe. Un certificat de ramonage est remis à l'usager précisant le ou les conduits de fumées ramonés et attestant notamment de la vacuité du conduit sur toute sa longueur. Quelle que soit l'installation, les professionnels du secteur proposent des contrats de maintenance sur mesure qui garantissent une totale tranquillité d'esprit et à terme, une meilleure longévité des équipements.

Innovations
Le secteur s'illustre par sa capacité d'innovation. A titre d'exemple, la centrale de micro-génération auparavant utilisée par l'industrie fait son entrée chez les particuliers. Il s'agit d'une centrale de production de chaleur qui couple un moteur thermique et un générateur. Les échangeurs thermiques récupèrent la chaleur dissipée par le fonctionnement du moteur thermique et l'utilisent pour le chauffage ou la production d'eau chaude. Ce type d'équipement permettrait de couvrir 100 % des besoins en chauffage et jusqu'à 50 % de la consommation électrique d'un foyer. Les innovations techniques se doublent d'avancées considérables sur le secteur de la domotique. Leur principal intérêt est de permettre de substantielles é-conomies d'énergie. Les ap-pareils de régulation et de programmation de chauffage sont donc au service de notre confort et de notre portefeuille. Ils permettent la programmation de scénarii en fonction des rythmes de vie afin d'éviter le gaspillage thermique. Certains fabricants proposent des box domotiques utilisables de chez soi ou à distance via smartphone, ordinateur ou tablette et qui permettent de régler un thermostat à distance, d'ouvrir ou de fermer des stores en fonction des conditions météorologiques ou encore de basculer en mode «économique» en cas d'ouverture d'une fenê-tre. Ces solutions s'appuient sur des capteurs de température et prévoient l'adaptation du mode de chauffage en temps réel.

Avant de penser chauffage, on s'interroge sur les pistes d'amélioration de l'habitat. L'isolation des combles sera parfois un prérequis indispensable afin de ne pas jeter son argent par les fenêtres ! crédit photo : Fololia© Arpad Nagy-Bagoly

Les aides de l'Etat
L'Etat souhaite inciter les français à réaliser des économies d'énergie et à investir dans les énergies renouvelables à travers plusieurs dispositifs complétés par certaines aides privées.
- le crédit d'impôts pour la transition énergétique (CITE) : il porte sur les travaux réalisés sur la résidence principale qui doit être achevée depuis plus de 2 ans et s'applique, pour cette année, aux dépenses payées jusqu'au 31 décembre 2016. Les travaux doivent être réalisés par une entreprise qui fournit les matériaux et pour certains travaux, l'entreprise doit être certifiée RGE (« Reconnu Garant de l'Environnement »). En terme d'économie d'énergie, les équipements visés sont la chaudière à condensation, la chaudière à micro-cogénération gaz et les appareils de régulation de chauffage. Pour les équipements de production d'énergie utilisant une source d'énergie renouvelable, sont susceptibles de bénéficier d'un crédit d'impôt les propriétaires optant pour un équipement de chauffage ou de production d'eau chaude sanitaire ou une pompe à chaleur autre que air/air. Sont également visés les compteurs individuels pour le chauffage et l'eau chaude sanitaires et les équipements de raccordement à un réseau de chaleur. Le montant du crédit d'impôts s'élève à
30 % du montant des dépenses éligibles (hors main d'œuvre sauf exceptions) plafonnées à 8 000 € pour une personne seule et 16 000 € pour un couple soumis à imposition commune. En juillet dernier, le gouvernement a annoncé la reconduction du dispositif en 2017. Plus d'informations sur www.service-public.fr
- l'éco-prêt à taux zéro : cumulable avec le CITE, l'éco-PTZ peut quant à lui être accordé au propriétaire occupant ou bailleur jusqu'au 31 décembre 2018. Le logement doit avoir
été construit avant le 1er janvier 1990 et être utilisé en tant que résidence principale. Les travaux doivent coupler 2 des 6 chantiers suivants : isolation performante de la toiture, isolation performante des murs donnant sur l'extérieur, isolation performante des fenêtres et portes donnant sur l'extérieur, installation ou remplacement d'un chauffage ou d'une production d'eau chaude sanitaire, installation d'un chauffage utilisant les énergies renouvelables ou installation d'une production d'eau chaude sanitaire utilisant les énergies renouvelables. Le montant maximum accordé est de 30 000 € remboursable sans intérêt. Plus d'informations sur www.service-public.fr
- Par ailleurs, la TVA au taux réduit de 5,5% peut être appliquée aux travaux d'amélioration de la qualité énergétique portant sur les logements d'habitation (résidence principale ou secondaire) achevés depuis plus de deux ans.
Les travaux visés sont les suivants : pose, installation et entretien de matériaux et équipements d'économie d'énergie, respectant des caractéristiques techniques et des critères de performances minimales (chaudière à condensation, pompe à chaleur, isolation thermique, appareil de régulation de chauffage ou de production d'énergie renouvelable...).
- Enfin, le financement de certains équipements est également possible via les primes économies d'énergie de certains fournisseurs. C'est le cas d'Engie pour le changement de pompe à chaleur, de chauffe-eau, d'une chaudière à haute performance énergétique, d'une chaudière à biomasse, ou encore d'un système de régulation comme un robinet thermostatique.

Isabelle Barèges

1/ Etude Ifop 2014