Le poêle dans tous ses états
Il a traversé les âges et demeure l'un des équipements de chauffage préféré des français. Grandement optimisé et fonctionnant à l'aide de diverses sources d'énergie,
le poêle présente de nombreux atouts aux plans pratique, économique, et esthétique. Véritable objet de décoration,
le poêle s'envisage aussi bien en tant que chauffage d'appoint qu'en tant que source principale de chaleur.
S'il existe sur le marché une palette très large
d'équipements, un seul correspondra à vos besoins. Pour le trouver, suivez le guide !
Comme l'acier, la fonte présente l'avantage d'améliorer
le rendement des poêle qui sont également reconnus
pour leur rapidité de mise en chauffe.
Crédit photo : Fotolia©Paul Maguire |
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Un équipement en mouvement
Le poêle à bois a fait son apparition au début du XVIIIème siècle sous des formes expérimentales mais il faudra attendre le siècle suivant pour que soit fabriqué le premier poêle tel que nous le connaissons en céramique émaillée. Depuis, le principe du poêle qui diffuse sa chaleur par rayonnement et par convection a été optimisé grâce au contrôle de la combustion et à la baisse des émissions de fumée. Outre le bois, l'équipement peut aujourd'hui être approvisionné par diverses sources d'énergie.
Identifier ses besoins
Pour une solution globale, il faudra se tourner vers un poêle bouilleur ou poêle chaudière raccordé au circuit de chauffage et alimentant les radiateurs à eau, qui assure également la production d'eau chaude sanitaire. Raccordé à un circuit de chauffage central, l'équipement intègre un échangeur de chaleur dans lequel va passer l'eau du circuit pour être réchauffée avant de repartir dans le circuit.
En tant que simple appareil de chauffage, le poêle peut, selon ses performances, l'isolation et l'agencement de la maison, être utilisé comme principale source de chaleur. Dans ce cas, la chaleur est redistribuée dans l'ensemble de l'habitat. Au plan pratique, même s'il existe des solutions techniques, la configuration de la maison jouera un rôle important pour la répartition de la chaleur. Pour chauffer également les chambres ou les couloirs, il faudra se tourner vers des modèles canalisables permettant d'envoyer de l'air chaud dans les autres pièces de la maison. Très perfectionnés pour certains, ils répondent aux commandes d'un panneau de contrôle pour procéder à la répartition de chaleur. Pour les installer, il faut pouvoir traverser un mur mitoyen ou disposer de conduits desservant les différentes pièces. En tant que chauffage d'appoint, le poêle devra être choisi selon la superficie de la ou des pièces à chauffer et la ressource énergétique souhaitée. Il faut savoir que les particuliers ont une préférence pour le chauffage à bois, c'est en tout cas ce qui ressort des demandes concernant les nouveaux projets, une donnée à nuancer puisque le gaz et le fioul représentent tout de même plus de la moitié des installations existantes.
Consommation énergétique : quelle moyenne par foyer ? (1)
La consommation moyenne d'un logement en France correspond à la classe E, soit 231 à 330 Kwhep/m2.an, l'équivalent de 4 à 5,5 bâtiments basse consommation. Avec 65 % du budget consacré au logement, le chauffage est le poste le plus élevé. La dépense en énergie domestique s'élève à 590 € par habitant, soit près de 4 % des dépenses des ménages et 36 % du budget consacré au logement. En 2009(2), la source d'énergie la plus élevée demeurait le gaz, 32,7 % (+ 3,1 % le GPL), avant l'électricité (30,2 %), le pétrole (16 %) et le bois (14 %).
Les poêles à bois
Vous avez dit rendement ?
Ce terme désigne le rapport entre l'énergie qui est produite par le poêle et l'énergie consommée. Donc plus le rendement est important, plus la perte entre l'énergie utilisée et la chaleur produite est minime. Au-delà de la performance de l'équipement, il conviendra de s'assurer que les arrivées d'air sont bien fonctionnelles, d'effectuer un ramonage régulier du conduit et d'utiliser du bois sec qui dégage 2 fois plus de chaleur qu'un bois vert renfermant 45 % d'humidité contre 15 % pour le bois sec.
Cela étant dit, il existe trois catégories de poêles à bois : la première approvisionnée à l'aide de bûches classiques (rendement de 40 à 80 %), la seconde à l'aide de pellets ou granulés de bois (plus de 80 %). Ces derniers sont issus du recyclage des sciures propres, compressées à très haute pression. A poids équivalent, le potentiel énergétique des granulés serait deux fois plus élevé que celui des buches. Si le poêle à granulés présente l'avantage d'être programmable, il requiert en contrepartie une alimentation électrique. Pour approvisionner son poêle de bûches ou de granulés, on optera enfin pour un poêle mixte. Il offre l'avantage de plus de souplesse selon les besoins du foyer. Il pourra par exemple être programmé le matin pour chauffer l'habitation la journée, puis être alimenté le soir à l'aide de bûches pour maintenir la température. De plus, son rendement est intéressant, de 75 à 90 %.
Quelle que soit la solution choisie, qui dit poêle à bois, dit zone de stockage ! Elle sera plus ou moins importante selon les besoins, dans tous les cas, bien entretenue et à l'abri des intempéries.
Le choix d'un poêle mixte permet d'avoir recours aux granulés comme aux bûches
selon les besoins et le moment de la journée. Crédit photo : Fotolia©tchara
Poêles à bois et technologies
Les technologies ont sans aucun doute été mises au service de la performance des poêles à travers divers systèmes.
• La combustion améliorée : elle s'appuie sur deux entrées d'air séparées qui apportent d'une part l'oxygène nécessaire pour brûler le bois, et permettent d'autre part d'enflammer les gaz résiduels avant leur évacuation par le conduit. Si ce système améliore le rendement, il permet surtout de venir à bout des émissions de fumée. Selon les modèles, les deux entrées d'air sont situées soit au dos du foyer, soit au sol.
• La fonte ou l'acier : ils ont permis d'améliorer les rendements qui sont passés de 60 à 85 % pour les meilleurs équipements, soit une économie de 30 % de combustible. Avec une autonomie de cinq et dix heures, et une rapidité de mise en chauffe, ils présentent des atouts certains.
• Les poêles de masse ou à accumulation : également appelés poêles à inertie, ils s'appuient sur des matériaux réfractaires (pierre ollaire, béton ou briques réfractaires) qui accumulent la chaleur pour la restituer dans le temps, essentiellement par rayonnement. Le principe est celui d'une bonne flambée, de 3 heures en moyenne, puis d'une restitution de la chaleur pendant 24 heures pour les modèles les plus performants. C'est notamment la masse de l'équipement qui va déterminer la quantité d'énergie stockée, il s'agit donc de poêles très lourds, d'une à plusieurs tonnes. Grâce à leur bonne autonomie, ils permettent d'optimiser la consommation de bois (puisqu'il n'est pas nécessaire d'alimenter le foyer en permanence) et restituent une chaleur douce et constante. Leur rendement est de 70 et 85 %.
• Les poêles turbo ou postcombustion : ils offrent également un principe de combustion améliorée à travers deux entrées d'air distinctes mais une seule chambre. Leur forme généralement ronde optimise l'effet de rayonnement, leur rendement serait de 60 à 70 %.
Quel emplacement ?
Il ne doit rien au hasard. Pour réduire les risques d'incendie, certaines règles s'imposent : d'abord le débouché du conduit d'évacuation des fumées doit dépasser le faîtage de 40 cm, ensuite la paroi extérieure du conduit doit être éloignée de tout matériau combustible, et enfin, si le poêle est installé sur un plancher inflammable, il devra être positionné sur une plaque de protection.
Pour assurer un maximum de sécurité, le professionnel a positionné le poêle sur un socle l'isolant du sol.
Dans tous les cas, le choix de son emplacement requiert l'avis d'un expert. Crédit photo : Fotolia©Paul Maguire
A l'heure du développement durable
Pour une approche écologique, on peut se diriger vers différents labels dont Flamme verte créé l'Ademe, le Groupement Interprofessionnel des Fabricants d'Appareils Ménagers (GIFAM), et le Grou-pement des Fabricants de matériels de Chauffage Central (GFCC) pour distinguer les appareils de chauffage les plus performants. La démarche garantit un rendement minimum exigé de 70 %, des émissions de monoxyde de carbone inférieures à 1 % du volume de fumées, un bilan carbone de la combustion de la biomasse considéré comme nul et le respect des normes françaises et européennes (NFD 35-376, EN 13 229 et 13 240 et 12 815). Très exigeant, il est apposé depuis le 1er janvier 2012 sur les seuls appareils affichant 4 ou 5 étoiles, correspondant aux classes de performance environnementale les plus exigeantes, et ne sera plus accordé qu'aux appareils dotés de 5 étoiles à partir du 1er janvier 2015. Autre démarche, l'écolabel du Cygne nordique ou Nordic Swan propre aux poêles scandinaves qui garantit le contrôle des émissions de substances polluantes des usines de fabrication, le recyclage des poêles et une efficacité optimale de combustion.
La disponibilité de la ressource en bois
Le recours au bois doit être de préférence envisagé comme une solution de proximité, ce qui signifie qu'avant de faire le choix du bois, mieux vaut d'abord s'assurer de la proximité de la ressource. En effet, son prix, en zone forestière, est logiquement moins cher en raison des coûts de transport réduits. Les essences de bois à privilégier sont les plus denses (le hêtre, le chêne, le charme, le châtaignier, le robinier …). Le recours aux résineux peut également être envisagé car ils brûlent vite et chauffent rapidement. En revanche, il conviendra d'éviter le bois de récupération (meubles, construction) qui peut dégager à la combustion des molécules toxiques. Pour une approche plus respectueuse de l'environnement, on optera autant que possible pour du bois certifié NF Bois de chauffage, PEFC ou FSC, issus de forêts gérées durablement.
Les poêles aux lignes épurées sont très prisés des consommateurs. Peu encombrants, ils offrent
le spectacle des flammes tout en sachant rester discrets. Crédit photo : Fotolia©cicisbeo
Le prix de l'énergie (3)
Au 15 janvier 2012, le prix des énergies à usage domestique était placé dans l'ordre croissant suivant :
• Plaquettes : 3 c €
• Bûches : 4,3 c €
• Granulés en vrac : 6,2 c €
• Gaz naturel : 7,28 c €
• Granulés en sac : 7,4 c €
• Fuel domestique : 9,79 c €
• Electricité : 12,6 c €
• Gaz propane : 13,79 c €
* Prix en centimes d'euros TTC par kWh PCI4 ne tenant pas compte du rendement des appareils produisant et émettant de la chaleur sauf pour les systèmes à plaquettes, bûches et granulés.
Les poêles à gaz
• Ils diffusent de la chaleur grâce à la combustion du gaz par l'intermédiaire d'un brûleur et sont alimentés en gaz liquide (propane ou butane). Les plus répandus sont les poêles à gaz infrableu reconnaissables grâce à l'apparition des flammes et qui dégagent leur puissance calorifique par le biais de trous percés dans un brûleur en inox. Les poêles à gaz infrarouge s'appuient quant à eux sur des briques réfractaires permettant de diffuser plus durablement la chaleur. Enfin, les poêles à catalyse constitués d'un panneau céramique diffusent la chaleur issue de la combustion du gaz à basse température, sans flamme et par rayonnement. Le risque d'émanation de monoxyde de carbone est largement réduit. La puissance calorifique des poêles à gaz est importante et ils offrent l'avantage d'être mobiles et d'avoir un fonctionnement autonome, puisqu'ils doivent simplement être raccordés à une bouteille de gaz. Pour plus de sécurité, certains équipements comprennent une sécurité par thermocouple, l'arrivée du gaz est coupée si la flamme s'éteint, ou un système anti-basculement, si l'appareil tombe par exemple. Comme tous les appareils de chauffage au gaz, ces équipements doivent être conformes à la norme EN 449.
Les poêles à fioul
Réglementés par la norme NF-EN-1 qui garantit leur qualité et leur sécurité, les poêles à fioul peuvent chauffer de grands espaces et présentent l'avantage d'avoir une chauffe rapide et puissante. Il en existe deux types : à flamme jaune nécessitant d'être débarrassés régulièrement de la suie, et à flamme bleu, au meilleur rendement et nécessitant un ramonage annuel.
Les poêles à pétrole
Faciles à déplacer, ils présentent de nombreux avantages en tant que chauffage d'appoint et ne nécessitent pas de conduit de fumée à condition d'une bonne aération naturelle. S'ils chauffent vite et bien, ils peuvent comporter quelques désagréments, notamment olfactifs. L'installation d'un détecteur de monoxyde de carbone est vivement conseillée par ailleurs.
Les poêles électriques
Chauffages d'appoint seulement, ils sont très simples d'utilisation et chauffent rapidement une pièce. Ils peuvent être habillés de fonte, d'acier ou d'émail et reproduisent la flamme du poêle à bois. Pour les mettre en service, un simple raccordement à une prise électrique suffit, ils sont ensuite portatifs et peuvent donc, selon les besoins, être déplacés d'une pièce à l'autre. Peu encombrants, ils sont équipés d'un thermostat et en option d'une télécommande pour un réglage à distance. Pour l'ambiance uniquement, certains modèles offrent un effet flamme sans la chaleur.
Le poêle éthanol
Ecologie oblige, ce poêle, utilisant un combustible fabriqué à partir de betteraves ou de céréales distillées est tendance. Fixe ou mobile, il est équipé d'un brûleur spécifique et d'un réservoir à combustible. Ne dégageant pas de fumée et peu de CO2, il ne nécessite pas de conduit d'évacuation, il produit pourtant des flammes pour une ambiance chaleureuse et douillette. Moins puissant que les autres poêles, il fera office de chauffage d'appoint seulement.
Les poêles à éthanol s'appuie sur un combustible fabriqué à partir de betteraves ou de céréales distillées,
ils ne dégagent ni fumée, ni CO2. Crédit photo : Fotolia©danylux
Sécurité : les accessoires obligatoires
Afin de prévenir les risques d'incendie et les intoxications au monoxyde de carbone, l'installation de certains équipements devra se doubler de l'acquisition de détecteurs de fumée et de monoxyde. Pour rappel, la loi du 9 mars 2010 prescrit que tous les logements devront être équipés d'au moins un détecteur de fumée normalisé au plus tard le 8 mars 2015. L'équipement doit présenter le marquage CE et être conforme à la norme européenne NF EN 14604. Il sera installé sur la "voie de circulation ou de dégagement desservant les chambres (…) et fixé solidement en partie supérieure, à proximité du point le plus haut et à distance des autres parois ainsi que des sources de vapeur." Malgré l'absence d'obligation réglementaire, l'installation d'un détecteur de monoxyde est vivement encouragée (norme NF EN 50291).
Pour rappel, la loi du 9 mars 2010 prescrit que tous les logements devront être équipés d'au moins un détecteur de fumée normalisé au plus tard le 8 mars 2015. Pour savoir où l'installer, demandez conseil aux professionnels du secteur.
Crédit photo : Benjamin LEFEBVRE
Côté look, quelles différences ?
Les poêles traditionnels participent à la création d'une atmosphère chaleureuse, volontiers authentique ou rustique selon la ligne de l'équipement. On retrouve dans cette catégorie les poêles en céramique, disponibles en de multiples couleurs (rouge, bleu, vert, blanc cassé…). Aux côtés du traditionnel poêle en faïence, aux allures bourgeoises, on trouve également des poêles aux lignes modernes et aux couleurs vivifiantes (jaune, bleu pétrole…). Enfin, les poêles design sont l'apanage des habitats contemporains. Leurs lignes originales et élégantes en font de véritables objets de décoration. De formes arrondies et épurées, ils sont cylindriques ou ovales, et se fondent dans l'aménagement intérieur en y apportant un discret raffinement. Sa coupe est souvent verticale et laisse une grande place à l'espace vitrée pour jouir à loisir du spectacle des flammes.
Installation : un professionnel sinon rien
Tant du point de vue de la sécurité que de la performance de l'équipement, il est indispensable de faire procéder à l'installation d'un poêle par un professionnel, selon les règles fixées par les documents techniques unifiés (DTU). Ces documents sont disponibles au CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) ou à l'AFNOR (Association Française de Normalisation). Idem pour ce qui est de l'entretien, pour s'assurer d'une meilleure longévité, le poêle devra être inspecté régulièrement et faire l'objet de tous les travaux d'entretien qui s'imposent.
Isabelle Barèges
1/ Etude statistique DPE par EX'IM, octobre 2011
2/ CEREN, Les chiffres-clés du bâtiment, Édition 2009, Ademe
3/ Espace Info-Energie Franche-Comté, www.info-energie-fc.org
4/ Le Pouvoir Calorifique Inférieur (PCI) désigne l'énergie libérée par la combustion d'une quantité donnée de combustible, à l'exclusion de l'énergie qui a servi à vaporiser l'eau de la réaction de combustion, considérée comme perdue