Les ressources de bois en France
Contrairement aux idées reçues, les surfaces boisées progressent chaque année en France d'environ 30 000 hectares. La forêt occupe 15 millions d'hectares soit un quart de la superficie nationale, ce qui en fait le 3ème pays européen derrière la Suède et la Finlande. Ce phénomène s'explique par l'abandon de surfaces agricoles cultivées au profit de bois et de forêts. Au plan historique, il a également été accompagné par des politiques de reboisement, celle orchestrée suite à la seconde guerre mondiale ou bien celles définies sur des territoires spécifiques comme celui des landes de Gascogne. En conséquence, la forêt française se caractérise par sa grande biodiversité en raison de la multiplicité de ses zones bio-géographiques : montagne, plaines et collines, milieux méditerranéens et océaniques. Ce sont aujourd'hui pas moins de 126 espèces d'arbres qui peuplent les forêts françaises, moins d'un tiers des forêts (32%) est constitué d'une seule essence exploitable, 30% de deux essences, 21% de trois essences, 11% de quatre essences et 6% de cinq essences et plus. Les essences les plus répandues sont le chêne, qui représente un quart du volume de bois français, et les conifères, comptant pour un tiers.

Quelle essence pour quel usage ?
En dépit de la diversité de la ressource en bois, certaines essences sont plus spécifiquement destinées à l'habitat. Pour déterminer la catégorie de bois à utiliser, il convient de tenir compte de sa densité, sa durabilité naturelle ainsi que sa capacité à recevoir un traitement, ses caractéristiques mécaniques et sa stabilité. D'une manière générale, les feuillus présentent une très bonne résistance, pour certains sans traitement (chêne, châtaignier, robinier), pour d'autres avec (hêtre, frêne, peuplier, aulne). De leur côté, les résineux offrent une bonne résistance à l'humidité. Légers et faciles à transformer, ils nécessitent parfois un traitement (pin sylvestre, pin maritime, sapin, épicéa) mais pas nécessairement (douglas, mélèze). Sont considérés comme des bois de construction : le châtaignier, le douglas, le sapin ou le mélèze. En raison de sa densité élevée, le recours au chêne est également particulièrement indiqué pour les charpentes, les parquets, les meubles massifs ou les placages. En matière d'ébénisterie et de menuiserie, on aura aussi bien recours à l'aulne, au bouleau, au cerisier, à l'érable, au frêne qu'au noyer pour ne citer qu'eux.

Classement : comprendre la norme NF B 5O-100
Cette norme est un repère essentiel en matière de durabilité du bois et des matériaux dérivés du bois. Quel que soit le type de travaux envisagé, elle permet aux professionnels de guider leurs clients. La norme classe les bois en 5 classes :
Bénéficient de la Classe 1 les bois secs dont le taux d'humidité sera toujours inférieur à 20%. Il s'agit d'un bois d'intérieur utilisé pour réaliser des charpentes, parquets et autres lambris.
En Classe 2, on retrouve les bois secs présentant un taux d'humidité pouvant occasionnellement et accidentellement dépasser 20%. Ils demeurent indiqués pour les même types de réalisations.
Au delà de 20% d'humidité, le bois est classé en Classe 3. Il s'agit de bois d'extérieur alternativement secs et humides sans contact avec le sol. Ils sont privilégiés pour la construction de menuiseries extérieures, fenêtres ou bardages.
Avec une humidité toujours supérieure à 20%, la Classe 4 est constituée de bois d'extérieur dont au moins une partie est toujours humidifiée. Ils peuvent cette fois-ci être en contact avec le sol, on les utilisera donc pour construire des rambardes, des pilotis, des jeux d'extérieur, des clôtures, des balcons ou des coursives.
Enfin, on retrouve en Classe 5 les bois en contact permanent avec de l'eau de mer et supportant un taux d'humidité très élevé. Il servira en toute logique à la construction de pontons ou de piliers.

Les bons points du bois traité en autoclave
Pour améliorer les performances du bois, les professionnels proposent un bois traité autoclave qui a subi un traitement en profondeur visant à lutter contre certaines agressions biologiques comme les champignons ou les insectes. Ce traitement lui confère un caractère imputrescible qui permet d'améliorer sa longévité et de diversifier son utilisation dans tous les types de travaux d'aménagement.
Le procédé - Le principe de l'autoclave est le suivant : il s'agit au cœur même du bois pour remplir toutes ses cavités d'un produit traitant. Le bois est d'abord ventilé grâce à un vide puissant, avant de recevoir le traitement, sous maintien du vide, qui sera profondément pressé dans le bois. Grâce aux agents de conservation appliqués, on peut ainsi augmenter la durabilité du matériau de plusieurs décennies.
Les atouts - Devenu imputrescible, le bois est alors un matériau idéal pour réaliser de nombreux aménagements extérieurs (pergolas, terrasse…). Au plan écologique, compte tenu de l'augmentation de sa durée de vie, on réduit du même coup le nombre d'émissions de CO2, il est donc compatible avec une démarche de Haute Qualité Environnementale.
Les autres procédés - Le traitement autoclave n'est pas le seul à permettre de conférer une classe d'emploi supplémentaire aux bois. Il existe également le traitement par trempage consistant à immerger le bois en pile dans une émulsion aqueuse, le traitement dit oléo-thermique à base d'huiles végétales chauffées à basse température et enfin le traitement thermique procédant à la cuisson du bois à une température pouvant atteindre 240°C. C'est le traitement choisi pour certains bois reconnaissables à leur teinte noire et utilisé pour des bardages, parquets ou encore des parements intérieurs.

Construction bois : quels avantages ?
En tant que matériau naturel et écologique, le bois est recommandé dans le cadre de constructions nouvelles vouées à atteindre une meilleure performance énergétique. Au plan national, 4% des maisons individuelles sont en bois contre 30% en Allemagne par exemple. La demande est cependant forte et a progressé de 46% depuis 2001. Reconnu pour ses capacités isolantes et sa durabilité, il s'intègre parfaitement à la recherche d'une meilleure qualité environnementale. Six fois plus isolant que la brique, douze fois plus que le béton, 1500 fois plus que l'aluminium, le bois permettrait de réduire les dépenses de chauffage de 20% à 30% par rapport à une structure en béton. De même, en raison de sa capacité de stockage du CO2, il limite les émissions de gaz à effet de serre. C'est tout bonnement le matériau de prédilection de nombreuses démarches d'éco-cons-truction.
Dans cette logique, les professionnels ont développé ces dernières années une offre attractive de maisons en bois. Au plan esthétique, ces constructions se fondent dans leur environnement. Côté architecture, elles peuvent adopter le style des demeures classiques mais se prêtent le plus souvent à la construction de maisons au design plus moderne : assemblage de blocs faisant la part belle aux baies vitrées, maison rectangulaire avec une belle avancée en biseau, maison container en partie sur pilotis, maison cubique, esprit loft… En se mariant facilement à d'autres familles de matériaux, le bois surfe sur tous les styles, passant d'une aisance folle du rustique au contemporain. En terme de confort, la maison en bois présente l'avantage d'une mise en chauffe rapide même après une longue période d'inoccupation. Elle est également plus légère et peut être bâtie sur des sols de plus faible portance : une maison de 100m2 pèse 100 tonnes en bâti traditionnel contre 35 tonnes en bois. La durée moyenne du chantier est souvent annoncée comme plus courte par les constructeurs, elle passerait de douze à six mois mais cela fluctue bien évidemment en fonction de la complexité du projet.
En matière d'ossature, les charpentes en bois sont toujours encouragées par les professionnels. Matériau noble et solide, le bois s'adapte aux sols difficiles. Côté professionnels, ce chantier nécessite le recours à un constructeur bois qui a la charge de l'assemblage des pièces de bois (panneaux, poutres, planchers) et à un charpentier bois qui réalisera lui-même toutes les pièces qui lui seront utiles à partir des plans correspondant aux souhaits du client.

Un matériau sain et chaleureux dans toute la maison

- Les bienfaits du bois dans l'habitat
Dans la maison, le bois a la capacité d'absorber et de restituer l'humidité de l'air ambiant en gé-nérant une atmosphère saine et apaisante. Un proverbe chinois ne dit-il pas : "si tu es malade, consulte un médecin, s'il ne peut plus rien pour toi, va habiter dans une maison en bois." Il permet de garder une température confortable en toutes saisons grâce à ses performances thermiques et garantit la sérénité de tous en jouant également très bien le rôle d'isolant acoustique.

- Une multitude de revêtements
* Terrasses : à chaque essence son style - En bois naturel, on opte le plus souvent pour le pin et l'épicéa ayant subi un traitement autoclave. Ces essences offrent l'avantage de se patiner avec le temps. Naturellement classée 4, l'essence de robinier ou faux acacia est également très prisée. En matière d'essences exotiques, le tech, l'ipé ou encore le bankiraï continuent de tirer leur épingle du jeu. Selon le style que l'on souhaite donner à sa terrasse, on pourra avoir recours à des lames ou des dalles autorisant la création de motifs géométriques.
* Parquets : quelle classe d'usage ? - Pour procéder au choix d'un parquet en bois, il convient de se référer aux différentes classes d'usage existantes. Elles opèrent un classement selon la dureté du matériau, plus ou moins importante selon l'essence du bois. Pour rappel, la dureté ou densité désigne la résistance d'un matériau à la pénétration. Les unités de mesures N et mm2 désignent respectivement les forces (Newton) et les longueurs en mm2.
Classe d'usage A - La dureté est comprise entre 10 N/mm2 et 20 N/mm2 et correspond aux bois tendres suivants : épicéa, pin sylvestre, sapin et aulne. Ces essences sont éventuellement destinées aux zones de faible passage sans accès direct vers l'extérieur.
Classe d'usage B - La dureté est de 20 N/mm2 à 30 N/mm2 et désigne les bois mi-durs de 2,5 à 3,2 mm d'épaisseur tels que le bouleau, le bossé, le teck, le châtaignier, le mélèze, le merisier, le noyer, le pin maritime ou encore le sipo. Cette classe peut être utilisée dans des zones plus fréquentées sans accès direct vers l'extérieur.
Classe d'usage C - Avec une dureté comprise entre 30 N/mm2 et 40 N/mm2, la classe C englobe notamment le chêne, le doussié, l'érable, l'eucalyptus, le frêne, le hêtre, l'iroko, le makoré ou encore l'orme, le charme et le robinier. Ces bois durs constituent des parquets plus robustes et sont adaptés à des zones très fréquentées avec accès vers l'extérieur.
Classe d'usage D - Elle correspond à une dureté supérieure à 40 N/mm2 avec entre autres l'angélique, le cabreuva, le cumaru, l'ipé ou encore le wengé. Ces essences peuvent être installées dans des pièces donnant éventuellement vers les espaces extérieurs.

- La chaleur du lambris
Dans une pièce ou une cage d'escalier, le lambris est idéal pour masquer les irrégularités et se prête, une fois peint, à la création de nombreuses ambiances aussi bien modernes que traditionnelles. Il est en effet disponible en de multiples aspects et essences. Lorsqu'il fait office de double paroi, le lambris offre une bonne performance en matière d'isolation phonique et d'isolation thermique.

- En extérieur : le bois dans tous ses états
Clôture en bois : le duo authenticité/sécurité - Si la clôture en bois demeure un grand classique, c'est qu'elle est à la fois résistante aux intempéries et esthétique dans le temps lorsqu'elle vient à se patiner. Certaines sont composées de lisses, des barres transversales, plates ou rondes, montées sur des poteaux. Variante, la clôture à claire voie est formée de barreaux espacés laissant un peu de jour entre eux et garantit davantage de discrétion. Enfin, la clôture en piquets est constituée de piquets rapprochés généralement taillés en pointe.
La diversité des portails en bois - Tout aussi indémodable que la clôture, le portail en bois est à la fois chaleureux et écologique. Les essences de bois utilisées sont généralement le sapin, le pin, le chêne, le châtaignier ou les bois exotiques. Pour protéger cet équipement soumis aux intempéries et aux multiples manipulations, on recommande l'application d'une lasure ou d'un vernis. Selon les goûts et le style de l'habitat, on peut opter pour un portail droit, en biais haut (semblable au toit d'une maison), en biais bas ou à la forme incurvée. Il peut également être plein, semi-ajouré (partie basse pleine) ou ajouré.
Les jeux d'extérieur - Nul doute, c'est bien l'authenticité du matériau qui l'emporte dans le choix des parents. Quel que soit le jeu d'extérieur, le bois invite derechef nos chères têtes blondes à vivre de grandes aventures ! Cabanes dans les arbres, portiques, balançoires, bacs à sable, maisonnettes, jeux d'escalade, on aurait presque envie de retomber en enfance…

- Chauffage bois : zoom sur les chaudières à granulés de bois
Ces équipements sont chaudement recommandés par les professionnels à condition de s'être assuré de la disponibilité de cette ressource près de chez soi et d'être doté d'un espace
disposant d'une capacité de stockage suffisante. Les chaudières à granulés ou à bois déchiqueté sont reconnues pour être très performantes, elles sont alimentées automatiquement en sciure de bois compressée, en granulés et en plaquettes forestières. Des bons points qui justifient un niveau d'investissement 4 à 5 fois plus élevé qu'une chaudière au fioul ou au gaz.

Le bois et ses labels écologiques
Parmi les démarches de certifications existantes, on en distingue deux qui se sont installées durablement sur le secteur de l'habitat. Les labels FSC et PEFC tendent à garantir une gestion éco-environnementale des ressources en bois. On les retrouve sur divers matériaux de construction dont la production intègre la démarche. Créé en 1993, le label FSC (Forest Stewardship Coucil) certifie que le matériau bois est issu de forêts gérées de manière durable et réunit divers acteurs de la filière bois (propriétaires forestiers, entreprises de bois, associations environnementales). La démarche encadre la production de bois notamment dans le respect de la capacité de la forêt et de sa biodiversité. Malgré sa notoriété, seuls 76 millions d'hectares de forêts sont aujourd'hui labellisés à travers le monde, soit 2% seulement de la superficie mondiale. Autre démarche également bien connue, le label PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières) est plus répandu en France et englobe pas moins d'un tiers des forêts françaises ! Comme le label FSC, la démarche certifie que le bois est issu de forêts gérées durablement et implique plusieurs maillons de la filière tels que les producteurs et les transformateurs.

Privilégié par de nombreux artisans, le bois est un réel atout pour l'habitat. Grâce aux multiples réalisations qu'il autorise, il ouvre grand la palette des aménagements réalisables. Se prêtant aux ambiances classiques comme contemporaines, il s'intègre à tous les types d'habitat et fait rimer durabilité et authenticité.

Isabelle Barèges