RT 2012 : vers toujours plus d'économie d'énergie Depuis le 1er janvier 2013, la nouvelle Réglementation Thermique s'impose aux nouvelles maisons individuelles. Plus exigeante en matière de consommation d'énergie, la RT 2012 réduit par trois le seuil toléré par la précédente réglementation en généralisant le recours aux énergies renouvelables. Jean-Marie Bouzat et Laure Moulinou, Architectes Conseil au sein du CAUE(1) de la Haute-Garonne, nous aident à faire le point sur une réglementation relativement complexe. Nous examinerons par ailleurs l'actualité des nouveaux labels HPE et THPE.   La RT 2012 va favoriser la construction d'habitats à la conception climatique s'inspirant des techniques anciennes de construction. crédit photo : Roland Gallart

Entretien avec Jean-Marie Bouzat et Laure Moulinou, Architectes Conseil au sein du CAUE de la Haute-Garonne
CL : Quels sont les principaux objectifs de la RT 2012 ?
JM.Bouzat : "L'objectif principal de la RT 2012 est de limiter la consommation énergétique dans l'habitat et les bâtiments neufs, avec une division par 3 de la consommation par rapport à la RT 2005."

CL : Quelles sont, à votre avis, ses principales avancées ? Ses avantages pour les futurs propriétaires de logement neufs à usage d'habitation ?
JM.Bouzat : "Les principales avancées sont les obligations de résultats et non de moyens. Il n'y a plus de bâtiment de référence ni de performances attendues des composantes comme les parois ou les vitrages, mais un pré calcul de consommation sur lequel s'engage le maître d'ouvrage. En fin de travaux, une attestation doit valider la conformité des dispositifs préconisés par l'étude thermique initiale et le test d'étanchéité à l'air. Une conception environnementale spécifique du projet est mise en avant. Les apports solaires sont calculés comme une énergie gratuite et viennent en déduction dans le calcul du BBio (besoin bioclimatique), le confort thermique d'été est pris en compte avec la TIC (température intérieure conventionnelle)."

CL : La nouvelle réglementation est plus exigeante en matière de consommation d'énergie (50 contre 150 kWhEP/m2 dans la RT 2005). Qu'est-ce que cela représente ?
L.Moulinou : "La première exigence étant de moins consommer dans le fonctionnement quotidien, cela implique d'abord une isolation adaptée, une bonne conception bioclimatique mettant à profit les apports solaires d'hiver, limitant les surchauffes d'été par des protections, réduisant les déperditions avec des espaces tampons au nord et à l'ouest… ; puis, la tenue d'un chantier irréprochable, en traitant les ponts thermiques et l'étanchéité dont la mesure est effectuée par un test d'étanchéité ; enfin, un comportement sobre des habitants."

CL : Certains calculs sont modulés par rapport à la localisation géographique. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir en Lauragais ?
L.Moulinou : "Les modulations sont liées à la zone climatique, au type d'énergie utilisée, à la surface du projet... En Lauragais, les conditions climatiques impliquent de concevoir un habitat confortable l'hiver, ce qui est relativement facile techniquement, mais également confortable l'été, ce qui est plus difficile. Aujourd'hui, nous avons des matériaux légers, de grandes baies, etc. Par conséquent, il faut compenser par de l'inertie thermique, ce qui existait dans l'habitat ancien, et prévoir des protections solaires."

Le seuil maximal de consommation d'énergie défini par la RT 2012 sera modulé eu égard à différents facteurs,
dont la localisation géographique du bien ou son altitude.

CL : Le recours aux énergies renouvelables étant rendu obligatoire par la nouvelle réglementation, certaines sont-elles plus accessibles sur ce territoire ?
L.Moulinou : "Concernant les énergies renouvelables, il y a d'abord les deux caractéristiques du Lauragais : le soleil et le vent. Plus localement, le bois peut être disponible."

CL : Pour les particuliers, comment se repérer dans cette nouvelle réglementation somme toute très complexe ? Le recours à des professionnels semble nécessaire. Qui sont-ils ?
JM.Bouzat : "Le recours à des professionnels est obligatoire. Une étude thermique avec un logiciel agréé est indispensable pour l'attestation imposée lors du dépôt du permis de construire. Un test d'étanchéité à l'air est nécessaire en fin de chantier pour justifier de la conformité de la construction. Ce test est également réalisé par un professionnel. Enfin, l'attestation de conformité réalisée à l'achèvement des travaux est à établir par une personne habilitée (contrôleur technique, architecte, technicien habilité à réaliser un diagnostic de performance énergétique ou organisme certificateur si le bâtiment fait l'objet d'une certification). Les particuliers devront donc nécessairement se tourner vers des professionnels afin de faire réaliser ces diverses études."

CL : Le respect de la nouvelle réglementation entraîne-t-elle un surcoût pour les futurs propriétaires ?
JM.Bouzat : "Le respect de la RT 2012 entraîne nécessairement un surcoût puisque une étude thermique, un test d'étanchéité à l'air et un contrôle de conformité à l'achèvement des travaux sont rendus obligatoires et réalisés par des professionnels. Par rapport au coût de la construction, si la conception architecturale est adaptée, le surcoût peut être réduit par des dispositifs simples diminuant la mise en place d'équipements très performants et très coûteux, d'où l'intérêt du recours à l'architecte."

CL : Les nouveaux labels associés HPE et THPE (cf lexique p.52) imposent des normes plus exigeantes encore. En l'absence d'incitation fiscale, quel est l'intérêt d'en solliciter l'obtention ?
JM.Bouzat : "Ces labels permettent d'atteindre de meilleures performances énergétiques et donc de réduire la facture énergétique. Il est à souligner que l'ancien label BBC est devenu aujourd'hui la norme."

CL : Eu égard à la nouvelle réglementation, quels conseils donneriez-vous aux futurs candidats à la propriété ?
L.Moulinou : "La particularité du site et la conception architecturale priment dans les calculs, attention aux standards et à la performance seule du modèle. La conception et les dispositifs architecturaux mis en œuvre diffèrent selon l'environnement proche et le climat auxquels on doit s'adapter. Cela implique de concevoir intelligemment un projet afin d'éviter un surcoût technique. La conception architecturale ne doit pas se réduire à un calcul thermique. En positif, cette réglementation devrait remettre en avant quelques principes de conception fondamentaux, dont certains étaient la base de l'architecture traditionnelle comme l'orientation des façades, l'adaptation au climat, la distribution des pièces. L'intelligence mise dans la conception sera aussi une garantie de confort d'usage. La facture énergétique sera réduite à condition d'adapter ses comportements : ventilation nocturne en été, choix d'équipements électroménagers peu consommateurs."

Dernière minute : les nouveaux labels HPE et THPE toujours en préparation
Pour rappel, les labels HPE (Haute Performance Energétique) et THPE (Très Haute Performance Energétique) se substituent aux cinq labels en vigueur sous la RT 2005 (HPE 2005, THPE 2005, THPE EnR 2005, HPE EnR 2005 et BBC 2005). A l'heure où le journal est bouclé, ces nouveaux labels sont toujours en cours de discussion. De source ministérielle, "la concertation se termine dans les prochains jours (…), sous réserve de validation par les ministres". Les textes dédiés aux labels HPE et THPE devraient donc voir le jour dans les prochaines semaines. Affaire à suivre …

Isabelle Barèges

1 - CAUE : Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement