Concilier apport de lumière et économie d'énergie Une maison qui laisse entrer la lumière sans consommer trop d'énergie, c'est possible. En effet, le couple lumière-énergie peut faire bon ménage à condition de respecter certains principes d'isolation et de se doter d'équipements performants. Si le défi semble facile à relever en construction, qu'en est-il en matière de rénovation ? Le point sur la question afin de dégager quelques solutions gagnantes.   Très tendance, la baie vitrée est un vrai plus dans la maison. En plus d'apporter luminosité et confort, elle donne l'impression d'agrandir la pièce. Opter pour un double vitrage permettra d'améliorer l'isolation thermique et phonique. Crédit photo : fotolia©solivo

En bref : chiffres-clés
- La consommation d'énergie dans le secteur domestique correspond à un tiers de la consommation énergétique totale en France
- 65% de l'énergie consommée portent sur le chauffage
- L'isolation des fenêtres est au 1er rang des travaux d'économie d'énergie réalisés par les français (1,3 millions de logements par an)
- Une fenêtre mal isolée laisse échapper 10% à 15% de chaleur
- Les ouvertures d'une habitation représentent 2/3 des apports de chaleur en été

Miser sur une bonne orientation
En construction, l'orientation de l'habitat est primordiale. Il est conseillé d'orienter au sud la façade de la maison, également la plus vitrée. Les pièces ne s'apparentant pas à des pièces de vie (cellier, garage, atelier …) seront plus volontiers orientées au nord car elle ne nécessitent pas une température constante. La RT 2012 précise qu'un garage bénéficiant de cette orientation peut par ailleurs remplir un rôle de transition et de protection thermique. La salle de bains, qui se passe volontiers de grandes ouvertures, peut également jouir de cette exposition. Les chambres seront quant à elles orientées à l'est afin de bénéficier d'un bon taux de luminosité le matin, le séjour, pièce de vie par excellence, sera quant à lui orienté au sud afin de profiter d'un apport maximum de lumière. Pour la cuisine, qui bénéficie d'apports calorifiques réguliers, on peut opter, selon les goûts et habitudes de vie, pour un ensoleillement maximum ou, pour une orientation protégeant la famille des fortes chaleurs estivales. Ces conseils sont bien sûr mis à l'épreuve du climat de la zone d'implantation (vent, humidité, heures d'ensoleillement…) et des envies des propriétaires. Il conviendra également de tenir compte d'autres critères au nombre desquels la taille et l'emplacement des ouvertures. Celles-ci doivent s'avérer suffisantes pour garantir un bon taux de luminosité et éviter le recours à l'éclairage artificiel, sans être, pour autant, trop nombreuses. Il s'agira de grandes ouvertures au sud, et plus petites à l'ouest. Les fenêtres de toit seront quant elles, de préférence, orientées au nord afin de limiter toute surchauffe en été.

Un maître-mot : l'isolation
Pour éviter les déperditions d'énergie en hiver et conserver la fraîcheur en été, mieux vaut miser sur une bonne isolation. En période de chauffe, elle va diminuer le refroidissement des parois et les risques de condensation. Outre les murs et le toit, les ouvertures constituent à cet égard un point de vigilance. Afin de limiter les pertes de chaleur, les professionnels recommandent notamment l'installation de vitrages performants. Pour déterminer le dispositif adéquat, il est recommandé de faire appel aux spécialistes du secteur. Voici, pour l'heure quelques éléments de réponse quant à la performance thermique de tels équipements.
Qui dit apport de lumière, dit source de chaleur, et il suffit parfois d'un carreau suffisamment épais pour se prémunir des déperditions d'énergie. En la matière, les professionnels proposent d'avoir recours aux doubles ou triples vitrages. Le double vitrage consiste en un bloc de deux vitres séparées par un vide d'air appelée "lame d'air" ou un vide de gaz. La température du vitrage se rapproche de la température ambiante et l'effet "vitre froide" s'atténue. En dehors du double vitrage classique, il existe également des équipements anti-réfléchissants s'appuyant sur un verre traité afin de rejeter les rayons lumineux. Les vitrages chauffants permettront quant à eux de diffuser la chaleur au sein de l'habitation grâce à un film transparent intégré au verre et relié au secteur. Afin de limiter les pertes énergétiques tout en contrôlant le rayonnement solaire, les professionnels ont enfin mis au point un double vitrage à isolation renforcée, qui procède, sur la face intérieure, d'une fine couche transparente d'oxy-de métallique agissant comme un bouclier. Cette option serait deux à trois fois plus isolante qu'un double vitrage simple. Le triple vitrage est, quant à lui, simplement constitué d'une vitre supplémentaire et peut, comme le double vitrage s'accompagner d'options visant à l'optimiser. Il permet en principe une meilleure isolation thermique mais ne palliera jamais à la bonne isolation préalable des murs et du toit de l'habitation. Le triple vitrage est généralement conseillé dans des maisons à très faible consommation d'énergie, de types maisons passives.

Repères : outils de mesure et classement AEV
Pour évaluer la performance thermique des équipements, les professionnels ont l'habitude de se référer à un certain nombre de mesures aux noms plus ou moins barbares… :
- la transmission lumineuse (TL) : comme son nom l'indique, il s'agit de la quantité de lumière, exprimée en pourcentage, passant à travers le vitrage
- le facteur solaire (g) : proportion, exprimée en pourcentage, de l'énergie solaire qui entre à l'intérieur du bâtiment comparé avec l'énergie reçue à l'extérieur de la paroi vitrée. C'est donc la contribution d'un vitrage à l'échauffement de la pièce.
- La force de conductivité thermique (U) : plus ce coefficient est faible, plus le pouvoir isolant du vitrage est fort.
Pour évaluer la performance thermique des fenêtres, il est également possible de se référer à leur classement AEV. Il indique, en fonction de la zone d'implantation de l'habitation, leur perméabilité à l'air (A), leur étanchéité à l'eau (E), et leur résistance au vent (V). Les niveaux de performance sont de A1 à A4 pour le premier critère, de E1 à E9 pour le second et de V1 à V4 pour le dernier. Plus l'indicateur chiffré est important, meilleure est l'isolation. Les résultats devront être interprétés en fonction des localisations des hébergements, toutes ne nécessitant pas le même niveau de performance.

Les fenêtres en question(s)
L'isolation des fenêtres ne se limite pas au choix du vitrage. Entrent d'autres facteurs tous aussi importants les uns que les autres. En premier lieu, il convient de s'assurer de la qualité de la pose des menuiseries. Une bonne pose permettra d'éviter les ponts thermiques, ces discontinuités entre les matériaux isolants et les parois de structure. L'encastrement de la fenêtre dans les murs a, à ce titre, un impact important et peut notamment aggraver les pertes de chaleur. La structure de la fenêtre, selon qu'elle est en bois, en PVC ou en aluminium, aura également un impact. Le bois est un excellent isolant thermique et présente un charme inégalable. Le PVC présente également un bon bilan mais demeure moins noble que le bois. L'aluminium s'avère quant à lui durable et s'adapte bien aux grands formats d'ouverture. Enfin, il convient d'évaluer la durée de vie des fenêtres. Le bois travaille dans le temps, un bon entretien permettra de garantir la longévité des huisseries, le PVC et l'aluminium ne nécessitent pas, quant à eux, d'entretien particulier. Pour optimiser les ouvertures de son habitation, il convient également de s'appuyer sur les volets. Classiques, roulants ou intégrés, ils sont une aide précieuse pour éviter les déperditions d'énergie en hiver et pour conserver la fraîcheur des pièces de vie en été à condition de penser également à isoler leurs coffres. Pour information, il existe même des vitrages à stores intégrés proposant plusieurs options enviables : une protection solaire accrue, des capteurs solaires stockant l'énergie, ou une fonction autonettoyante qui combine l'action de la lumière et de l'eau de pluie pour décomposer les salissures organiques… ! Côté déco, la couleur des fenêtres a également son importance, il est conseillé d'opter pour des couleurs claires réfléchissant lumière et chaleur.

Véranda : un vrai plus en hiver … et en été ?
Pour optimiser cet équipement et en faire un véritable atout en hiver, il convient de respecter quelques règles. D'abord, l'équipement devra de préférence être orienté à l'est ou au sud-est afin de bénéficier d'un bon ensoleillement le matin tout en évitant les rayonnements aux heures les plus chaudes de la journée, précaution permettant d'anticiper la période estivale. Ensuite, la maison sera moins sensible aux variations de température si la véranda est encastrée ou semi-encastrée à ses murs. Cette solution permet également d'optimiser la chaleur transmise à la maison en période hivernale, et d'augmenter, de fait, considérablement le rendement énergétique de l'ouvrage. L'étanchéité à l'air extérieur et un système d'isolation amovible (rideaux épais, volets..) va également permettre de conserver la chaleur accumulée pendant la journée et la restituer à la maison pendant la nuit. Enfin, en terme de construction, l'Ademe recommande des matériaux bénéficiant d'une bonne capacité d'inertie thermique. Pour rappel, il s'agit de la capacité à accumuler de l'énergie thermique et à la restituer par la suite, sur une période de temps plus ou moins longue.
Pour que l'équipement présente également un intérêt en période estivale, il peut être opportun de miser sur une toiture opaque et sur une très bonne isolation entre la véranda et la maison. L'équipement en stores ou volets roulants va cette fois-ci limiter l'apport calorifique. Dans tous les cas, il conviendra d'aérer cet espace de jour comme de nuit.

En bois, aluminium et PVC, la véranda s'est imposée comme une véritable pièce à vivre.
Pour un espace confortable en toutes saisons, il convient de prévoir au minimum 20% à 30% d'ouvertures.
Elles s'avèrent indispensables à une aération efficace en période estivale. Crédit photo : Jean-Claude Chauvin du Treuil

Les auvents sont de vrais atouts pour ombrer les ouvertures d'une maison.
Ils laissent passer la lumière tout en protégeant les surfaces vitrées d'un trop grand ensoleillement.
Leur débord sera fonction de l'exposition de la fenêtre. Crédit photo : fotolia©0meailleluc.com

Quel que soit son budget, il est toujours possible d'améliorer le confort thermique de sa maison à condition, notamment, de faire rimer orientation et isolation. Mieux vaut également s'appuyer sur les professionnels pour choisir les matériaux les plus appropriés à son habitat et bénéficier d'une pose dans les règles de l'art.

Isabelle Barèges

1 - Source : CEREN-Ademe, "Les chiffres-clés du bâtiment" 2009