Sécurité, confort et esthétisme :
choisir ses escaliers pas à pas
De haut en bas, de bas en haut, chaque membre de la famille l’arpente des dizaines de fois par jour. C’est l’équipement central de l’habitation qui permet aux espaces de communiquer
et qui constitue un élément de décor majeur.
En effet, en plus d’être pratique et sûr,
l'escalier se doit d'être esthétique. Pour cela,
il suffit de chercher son inspiration dans l'incroyable palette de matériaux, de lignes et
de couleurs à disposition.
Une affaire de sécurité avant tout
Certains sont tentés de laisser libre cours à leur imagination mais concevoir un escalier, c'est d'abord une question de sécurité. Pour cela, il doit être pensé pour correspondre aux besoins de toute la famille, des enfants en bas âge aux personnes âgées. Pour faciliter la vie de tous, il convient de prévoir un garde-corps, également appelé rampe, c'est une barrière destinée à se protéger du vide. Les dimensions de la rampe sont réglementées (sa hauteur, d'un mètre minimum, et son vide), ainsi que les espaces entre ses barreaux qui ne doivent pas excéder 11 cm.
|
|
La structure d'un escalier est soit intégrée au mur
qui le supporte, soit un assemblage indépendant du
reste du gros œuvre. Comme ici cet escalier en bois |
Pour éviter les chutes et les glissades, il est également indispensable que les marches soient anti-dérapantes et que l’escalier soit toujours éclairé. A cet effet, un éclairage automatique peut être utile à moins d'installer un interrupteur en haut et en bas des marches.
Les précautions à prendre pour garantir un vrai confort d'utilisation
Concevoir un escalier confortable procède de calculs relativement complexes pour qui n’est pas professionnel ! Il s’agit en effet de respecter les proportions correspondant à des règles techniques. En raison de l’enjeu représenté et de la durée de vie d’un tel équipement, il est chaudement recommandé de s'adresser à un artisan. Pour concevoir un escalier confortable, son travail s'appuie notamment sur la hauteur de marche, l’emmarchement, l’échappée et le giron. Pour être sûr et confortable, l’escalier doit respecter une hauteur constante entre les marches, généralement comprise entre 16 et 18 cm. L'emmarchement qui désigne la largeur des marches, est de 60 à 120 cm. Il doit permettre de déplacer des meubles ou autoriser deux personnes à se croiser sans se gêner. L’échappée est la distance entre chaque marche et le plafond, elle ne doit jamais être inférieure à 2 mètres. Le giron désigne la profondeur de la marche, il est généralement compris entre 25 et 35 cm. S’il est plus petit, il ne permet pas toujours de reposer le pied sur la marche et peut rendre l’ascension ou la descente plus fatigante. Pour une longue ascension, Il est enfin possible de prévoir des paliers de repos. S'ils sont suffisamment grands, ils seront l'endroit idéal pour déposer un panier en osier, une sculpture, un bouquet de fleurs séchées…
Droit, tournant, hélicoïdal : choisir la forme appropriée
C'est l'espace disponible en largeur et en hauteur et l'emplacement prévu de son arrivée qui vont largement dicter ce choix. L'escalier droit fait la jonction entre les deux espaces par une ligne droite, comme une échelle. C'est le plus facile à concevoir. Il peut comporter une seule volée de marches, c'est alors le grand classique et le plus encombrant, difficile à réaliser s'il n'a pas été prévu à la construction de la maison. Avec deux volées de marches et un palier intermédiaire, on retrouve un peu de souplesse, la deuxième volée pouvant être placée dans un angle de mur. L'escalier dit tournant ne tourne pas de manière circulaire, il se déroule dans l'angle de deux, voire de trois murs, et tourne à la moitié ou au quart de son niveau. Ce modèle est préconisé afin d'optimiser l'espace. Enfin, l'escalier hélicoïdal n'en finit pas de tourner, circulairement cette fois. C'est l'escalier champion du gain de place ! Original et élégant, c'est également l'escalier "déco" par excellence.
Il serait cependant réducteur de se cantonner à ces trois formats standards. S'ils sont un point de départ immuable, ils prennent forme, sous le crayon des professionnels, sous de nouvelles lignes, toutes plus créatives les unes que les autres. Les escaliers tournants adoptent par exemple des lignes ondulantes qui apportent beaucoup de douceur à l'équipement.
Montez et descendez en douceur ! Le concept de marches balancées adoucit la pente de votre escalier du fait d'un nombre de marches
plus élevé : le giron (largeur de la marche) de chaque marche et plus grand et la hauteur des marches est moindre.
Quid des matériaux ?
Le bois pour revisiter les classiques
C'est un grand classique qui se prête à tous les styles d'intérieur, design comme rustique. Il est préférable d'opter pour un bois dur (le chêne, le moabi, le frêne ou encore le hêtre) s'il s'agit de l'escalier principal, destiné à être très fréquenté. Pour un escalier d'appoint, menant par exemple aux combles, un bois tendre comme le sapin peut convenir. Tout est ensuite question de tonalités et le coeur chavire entre le rouge du moabi, le rosé du hêtre, le beige clair de l'érable, le blanc mat du sapin ou le brun du chêne. Les tendance se jouent d'heureux mariages entre le bois et l'acier, notamment en matière de rampes. Pour renforcer le style contemporain d'un escalier en bois, les deux matières peuvent se donner la réplique dans un mélange élégant et aérien. Loin d’être une contrainte, la rampe fait partie intégrante du décor d’un escalier. Ceux qui souhaitent conserver un style plus rustique, jouerons la carte du 100% bois en optant par exemple pour une rampe pleine.
La pierre pour jouer la carte de l'élégance
L'escalier de pierre n'est pas réservé aux terrasses et autres aménagements extérieurs. Il confère un vrai cachet à la pièce. La pierre naturelle est taillée et travaillée pour rendre un aspect ancien ou neuf. Il est également possible d'avoir recours à des dalles de pierres reconstituées posées sur du béton.
Le béton pour surfer sur les tendances
Le béton n'est plus boudé, il est même tendance ! Il faut dire qu'il se prête à toute les facéties tout en battant des records de longévité. Il sera brut dans les intérieurs contemporains, ciré ou patiné partout ailleurs. Dans les maisons plus traditionnelles, il est pavé de tomettes, de carreaux de céramique ou de carrelage. Attention : son poids est à la hauteur de sa robustesse, ce qui peut poser des problèmes lorsque l'escalier est construit à l'étage. Il convient de vérifier en amont que le poids de l'équipement peut être supporté.
|
|
Un escalier en béton, plâtré, carrelé et placé au centre d'une pièce constitue un élément décoratif de la maison. |
Le métal pour donner le ton
En acier ou en aluminium, l'escalier devient visuellement plus aérien et donne une ambiance contemporaine. Il se joue également des contrastes en se mariant notamment avec le bois. L'es-calier en fer forgé, volontiers en colimaçon, prend quant à lui des allures de bistrot. Indémodable, seule une rampe en fer forgé apporte, enfin, finesse et raffinement. Laquée, elle se marie à merveille avec des marches ou contremarches carrelées en terre cuite.
Le verre pour sublimer la lumière
Escalier contemporain par excellence, l'escalier de verre sait se faire oublier. Il donne une impression de transparence et sublime la luminosité de la pièce. Pour les adeptes de la demi-mesure, il est possible de choisir une structure autre pour ne conserver que les marches de verre.
Sans contremarches, l'escalier offre une plus grande luminosité dans votre intérieur et apporte une touche très contemporaine.
Contemporain jusqu'au bout des marches
L'escalier suspendu s'affranchit des structures traditionnelles et évolue dans l'espace comme tenu par un fil ou presque… Il prend généralement appui sur un mur ou est rattaché au plafond par de fines balustres, souvent métalliques.
L'équipement paraît soudain d'une extrême légèreté, sa structure contemporaine convient parfaitement aux ambiances "design". Ne vous y trompez pas, sa stabilité et sa prise de charge respectent les règles en vigueur. En se passant volontiers d'une rampe, il est cependant moins sécurisant pour les parents. Ceux qui ont fait ce choix affirment que c'est simplement une question d'habitude et que les enfants se montrent en général très prudents.
Dans le même esprit, on trouve l'escalier à pas japonais. Il est conçu comme deux escaliers imbriqués : un pour le pied droit et un pour le pied gauche. Son principal attrait est de réduire l'encombrement de l'escalier en faisant chevaucher les girons. Malgré son charme exotique, il est difficile de stopper la montée, un tel équipement n'est donc pas toujours approprié aux petites jambes de nos chérubins.
Des escaliers très futés
Construire un escalier, c'est l'occasion de créer d'astucieux espaces de rangement. La place libre sous un escalier droit peut être habilement aménagée selon les besoins de la famille. Il est possible d'installer des tiroirs, de masquer des étagères sous un élégant rideau ou de prévoir des rangements coulissants qui optimiseront davantage l'espace que des portes battantes. Il est également envisageable de dédier cet espace à un coin bureau, une alcôve, un vestiaire ou d'y entreposer un piano. A condition de le prévoir à l'avance, une bibliothèque peut également trouver sa place sous l'escalier ou en vis-à-vis de la rampe sur toute la longueur du mur. Dans ce cas, il conviendra de se doter d'un meuble sur mesure, en harmonie avec les matériaux utilisés pour réaliser l'escalier.
Mettre l'accent sur les accessoires
Ils sont indispensables pour finaliser l'escalier et lui donner une touche plus personnelle. Parce qu'ils autorisent toutes les fantaisies, ils peuvent propulser un escalier classique au rang de pièce unique.
L'extrémité d'une rampe peut-être habillée de mille et une façons. Du classique à l'insolite, à chacun de créer l'ambiance qui lui correspond. Il est d'abord possible de mettre l'accent sur les têtes de rampe. Sculptées dans le bois, elle reproduisent un motif personnalisé (un animal, une pigne de pin, un globe…). Il existe également des boules d'escalier. En bois tourné, elles confèrent un charme intemporel. En cristal ou pâte de verre, elles fascinent et apportent un raffinement certain à la pièce toute entière. Autre style : le pommeau en laiton. Travaillé avec finesse et patiné, il habille avec élégance.
Les tapis d'escalier sont également de précieux accessoires. Ils continuent d'évoquer le confort et l'élégance des belles demeures bourgeoises. Moelleux, ils atténuent le bruit des pas et autorisent un confort douillet pour tous ceux qui sont habitués à marcher pieds nus. Ils existent en laine ou en fibres synthétiques. Pour un effet visuel intéressant, les professionnels recommandent une largeur permettant de laisser visible environ 10 cm de marche de chaque côté du tapis.
Entretenir pour faire durer
Aussi robuste qu'il soit, l'escalier est soumis à rudes épreuves, il supporte des passages incessants qui peuvent le détériorer. Pour améliorer la longévité de l'équipement, il est essentiel de lui apporter régulièrement quelques soins en fonction du matériau choisi. En dépit de cet entretien, les épreuves du temps font apparaître quelques dégradations. C'est le cas pour les escaliers en bois ou en pierre qui peuvent se creuser, il est alors nécessaire de changer le plateau de marche. Dans certains cas, seul le nez de marche devra être remplacé. Enfin, les fissures et trous peuvent être comblés à l'aide de mastics spéciaux, ou de produits à base de poudre de pierre ou marbre proposés par les professionnels.
Vous l'aurez compris : choisir un escalier est tout sauf anodin ! Il suffit en réalité de trouver le bon dosage entre confort, sécurité et esthétisme. Les professionnels prêtent une oreille attentive aux attentes de leurs clients et offrent souvent un regard extérieur très précieux, pour peu qu'on veuille bien le prendre en compte…
Isabelle Barèges