Une palette infinie de matières et de décors
Le carrelage en céramique
Il existe trois catégories de carrelages en céramique à base d'argile, de silice, de fondants, de colorants et autres matières premières.
- La terre cuite, d'abord, est issue d'un mélange d'argiles calcaires. Très robuste, on a l'impression qu'elle est éternelle. C'est le revêtement rustique par excellence qui confère aux maisons de campagne leur charme et leur authenticité. Très proche du matériau brut, elle s'y marie à merveille avec la pierre et le bois. Pour la protéger, il est vivement conseillé de traiter la terre cuite à l'huile de lin ou à la paraffine avant utilisation. Très poreux, ses carreaux devront être imperméabilisés avant d'être installés dans la cuisine ou la salle de bain. Cette caractéristique fait de la terre cuite un matériau particulièrement adapté à l'installation d'un chauffage au sol. Côté entretien, un peu de savon noir dilué dans de l'eau est le meilleur allié de sa longévité.
- Egalement en céramique, la faïence est conçue en trempant une terre argileuse dans un bain d'émail. Plus fragile que la terre cuite et le grès, mais également plus raffinée, la faïence est apposée aux murs des cuisines et salles de bains. Ses carreaux offrent, dans une très large gamme de couleurs, mille et un décors élaborés à la main, en sérigraphie ou en décalcomanie. La faïence s'entretient avec un mélange d'amidon et d'eau oxygénée sous forme de pâte qu'il convient d'appliquer sur les carreaux et de laisser sécher avant de faire briller avec un chiffon. La faïence n'est pas encore assez brillante ? Pour obtenir un effet optimum, il est conseillé de passer sur les carreaux un demi-citron et de laisser agir 15 minutes avant de lustrer au chiffon doux.

- Le grès, dernière catégorie de carrelage en céramique, est quant à lui composé d'argile à laquelle sont mêlés d'autres matériaux. Leur cuisson à température très élevée rend les carreaux quasiment inusables et résistants au gel. Ils peuvent être vitrifiés et offrent alors une large gamme de couleurs. Les car-reaux non vitrifiés ne sont pas recouverts de couche d’émail, ils sont sobres, d'aspect brut et rustique.
En fonction des matériaux ajoutés à la base argileuse et du procédé de fabrication utilisé, le grès a différentes propriétés et présente divers aspects. Très futé, le grès cérame se joue de la nature de la terre qui le compose et d'autres colorants pour imiter certains matériaux comme la pierre, le bois ou encore le marbre. La taille des carreaux est modulable pour aller plus loin dans l'imitation. Il est très résistant et ne nécessite pas de traitement particulier. En revanche, il est conseillé d'utiliser une serpillère humide en évitant de laisser tremper le carrelage qui pourrait, à la longue, être abîmé par le calcaire. Le grès étiré, d'aspect plus rustique, est moins robuste que le précédant. Parce qu'il est glissant une fois mouillé, il est déconseillé en extérieur. Enfin le grès émaillé, très couramment utilisé, imite les carreaux de faïence. Il offre l'avantage d'être plus résistant que ces derniers et se contente d'une éponge et d'un peu d'eau pour un entretien efficace.

Le carrelage de pierre naturelle
Les carrelages de pierre naturelle sont innombrables et vivants. Ils se patinent dans le temps pour des effets "déco" incomparables.
On trouve d'abord le granit issu d'une roche très dure beige, grise, rose, bleue ou noire. Il n'est pas poreux et particulièrement résistant aux agents chimiques et mécaniques, rien ne pourra donc altérer sa robustesse ! Il donne à la pièce une atmosphère sobre et raffinée en plus d’être simple d'entretien (lavage à l’eau tiède légèrement vinaigrée).

La pierre blanche est quant à elle une pierre tendre de calcaire. Son aspect confère un côté chaleureux, naturel. En raison de sa grande porosité, il est difficile de l'envisager en extérieur.
En dépit des apparences, le marbre est le moins résistant des trois. Il n'en demeure pas moins classique et chic. Veiné ou tâché de couleurs très variées, le marbre suffit à habiller une pièce. Il peut être poli pour une surface brillante, vieilli et patiné ou coloré. En raison de sa porosité, il nécessite un traitement hydrofuge destiné à réduire les pénétrations d'eau. Une fois traité, il s'entretient à l'eau avec un détergent neutre. Il est également conseillé de le protéger via un traitement imperméabilisant contre les tâches.
On trouve encore mille autres carrelages de pierre naturelle comme la pierre bleue, le travertin ou encore l'ardoise pour ne citer qu'eux. Le premier peut être utilisé comme revêtement de sol, plan de travail, évier ou encore parement mural. La pierre bleue est par exemple à la mode dans les cuisines. Sa teinte sombre en fait un revêtement élégant et contemporain. Elle est en réalité issue d'une roche constituée de restes fossiles d'organismes marins cimentés par une boue calcaire. Les professionnels s'accordent à dire qu'elle permet un grand confort thermique, acoustique et sanitaire. Non poreuse, elle trouve sa place à l'intérieur de la maison comme à l'extérieur. Elle a même tendance à se bonifier avec le temps en prenant une belle patine. En matière d'entretien, il convient de la nettoyer avec un savon neutre dilué dans une petite quantité d'eau tiède. Quant au carrelage en travertin, il est élaboré à partir d'une roche calcaire de couleur blanche qui tire vers le gris, le jaunâtre, le rougeâtre ou le marron, selon ses impuretés. La pierre d'origine se caractérise par de petites cavités qui sont par la suite bouchées. Le travertin appartient à la famille du marbre, il s'entretient comme lui et confère également un charme classique et indémodable. A l'accoutumée logée sur le toit des maisons pyrénéennes, l'ardoise est enfin un formidable matériau. Dans une salle de bain naturelle où domine le bois, elle offrira un intéressant parement mural, de douche par exemple. C'est un excellent choix pour allier modernité et authenticité. On l'imagine volontiers sombre mais l'ardoise se pare de mille couleurs en fonction de son pays d'origine : le vert, le brun, le rouge ou encore l'ocre. L'ardoise s'entretient avec de l’eau additionnée de bicarbonate de soude et se rince à l'eau javellisée.

Dans l'air du temps
Avantage au carrelage de ciment
Décidément le ciment séduit sous toutes ses formes et dans toutes les pièces de la maison ! Unis, les carreaux de ciment existent dans des gammes très étendues, souvent de couleurs passées et donnent un aspect rétro. Leur rendu est particulièrement intéressant lorsqu'on opte pour deux teintes disposées en damier ; côté couleur, tous les mariages sont permis. Mais c'est ornés de motifs qu'ils reviennent en force en imitant les magnifiques sols décorés des années 1880-1950. Les rosaces, motifs géométriques ou autres damiers sont à l'honneur dans une gamme de couleurs très riche : vert olive et rouge carmin, vert d'eau, bleu turquoise et beige, bleu ciel, rouge terracota, rose pâle et blanc… Très poreux, le carrelage de ciment conviendra à des pièces en principe à l'abri d'accidents domestiques. Pour prolonger sa durée de vie, les professionnels conseillent d'appliquer de la cire, du vernis ou de la résine une fois par an et de l'entretenir avec du savon noir à l'huile de lin.

Inspiration d'ailleurs pour mosaïques au goût du jour
La mosaïque s'installe partout, au sol autant qu'en revêtement mural. Il s'agit de petits fragments multicolores, appelés tesselles, élaborés à partir de divers matériaux : céramique, verre, pâte de verre, travertins… Au sol d'une douche italienne, sur la première marche d'un escalier, dans la cuisine, ça et là aux murs d'une salle de bains, la mo-saïque transforme une pièce. Résistante à l'usure, aux tâches et à l'humidité, elle est particulièrement adaptée à la salle de bain, aux sanitaires et à la cuisine. D'inspiration orientale, elle se prête aujourd'hui à toutes les ambiances et se fond dans des décors contemporains autant que naturels. La mosaïque en pâte de verre, très facétieuse lorsqu'elle a une finition brillante, se transforme en carreaux translucides donnant des effets de lumière garantis.

L'élégance des matériaux nobles
Pierre, bois, marbre, cuir, métal… on les aime tant qu'on les imite ! Ces carreaux de grande taille sont de vrais trompe-l'oeil et offre aujourd'hui un choix incroyablement large : pierre lisse et claire, ardoise, bois façon parquet, aspect textile façon toiles de jute ou encore coco tressé…

La tomette encore et toujours
Avec son charme inégalé, la tomette n'est plus réservée à la campagne et confère un charme subtil à toutes les demeures, citadines comme rustiques. Dans leur aspect traditionnel, elles sont rouges foncées. Mélangées à l'argile, elles deviennent roses, orangées ou beiges. Les tomettes offrent l'avantage d'être un matériau vivant qui évolue avec le temps. On en trouve aujourd'hui de différentes tailles, carrées, hexagonales et encore octogonales.

Le cabochon pour son ingéniosité
Cette petite pièce de dallage vient orner le sol carrelé. Il s'interpose entre des carreaux plus grands de teinte claire en apportant décor et relief.

La classification PEI (Porcelaine Enamel Institute)
Pourquoi ? Elle détermine la résistance du carreau à l'abrasion, à savoir l'usure par frottement.
Comment ? Sur des carreaux émaillés, on utilise un abrasimètre pour tester la résistance de l'émail aux effets de la marche, voici la classification qui en découle :
- PEI 1 : Passage occasionnel (carrelage convenant à la chambre et à la salle de bains)
- PEI 2 : Passage modéré sans piétinement (carrelage convenant à toutes les pièces sauf la cuisine, l'escalier, le hall et les pièces donnant accès direct à l'extérieur)
- PEI 3 : Passage normal avec piétinement modéré (carrelage convenant à toutes pièces)
- PEI 4 : Passage important avec piétinement normal (carrelage convenant à toutes pièces)
- PEI 5 : Passage intense avec piétinement intense ou élevé (carrelage convenant à toutes pièces)

Le classement UPEC
Pourquoi ? Le classement porte sur des locaux et des revêtements de sol afin de déterminer la durabilité par rapport à l'usage du bien. Quatre points de contrôle sont examinés : l'usure à la marche (U), le poinçonnement, à savoir l'action du mobilier sur le sol, la chute d'objets (P), le comportement du carreau à l'eau et à l'humidité (E) et la résistance aux produits chimiques (C). Le Classement UPEC est élaboré par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), un organisme de contrôle placé sous la tutelle de l'Etat.
Comment ? A chaque pièce de la maison d'habitation est associé un classement consistant à attribuer une note aux quatre critères cités ci-dessus. Par exemple, le carrelage posé dans un séjour doit correspondre au classement U25 P2 E1 C0, la salle de bains au classement 25 P2 E2 C1. On peut noter que la variante entre les deux se situe et c'est logique sur le critère E, soit le comportement du carreau à l'eau et à l'humidité. Dans un séjour, le carreau doit supporter la présence occasionnelle de l'eau (E1), dans une salle de bain, il doit supporter une présence régulière (E2).

Prendre soin de son carrelage : les 6 commandements
1 - Nettoyer la surface au préalable avec un balai ou un aspirateur
2 - Utiliser des détergents doux afin de ne pas altérer sa surface
3 - Eviter l'emploi de matières abrasives, la paille de fer par exemple, qui aurait tôt fait de détériorer les surfaces émaillées mais pas seulement
4 - Laver régulièrement le carrelage pour éviter que s'y déposent des cailloux ou grains de sable augmentant l'effet abrasif du piétinement
5 - Placer un paillasson à l'entrée des pièces donnant vers l'extérieur
6 - Protéger les zones susceptibles de supporter des objets lourds ou les zones les plus fréquentées par un tapis (l'entrée d'un escalier, devant l'évier de la cuisine, devant le lavabo de la salle de bain…)

Depuis 4 000 ans, le carrelage ne cesse de se réinventer. Malgré les modes, qui ont fait la part belle à d'autres revêtements, le carrelage a toujours réussi à revenir en force et à s'imposer. Matériau évolutif et innovant, sa fabrication fait sans cesse appel à de nouvelles techniques autorisant toujours plus de fantaisie. Sa longévité réside dans cette extraordinaire capacité à savoir épouser, voire inventer les tendances de demain.

Isabelle Barèges