Aménagement extérieur

La haie champêtre : trait d'union
entre la campagne et le jardin

Qu’elle soit contemporaine ou traditionnelle, dans le Lauragais comme ailleurs, la maison sise sur un terrain si petit fût-il ne se conçoit pas sans un environnement végétal. Dans les villages, les arrière-cours accueillent le plus souvent au moins un arbuste. L’homme
supporte difficilement de vivre dans un milieu exclusivement minéral ; les parcs et jardins présents dans la plupart des communes, quelle que soit leur taille, témoignent de l’attachement que l’on manifeste aux plantes, et notamment aux arbres.

Haie brise-vent

Tout comme la maison lauragaise, la végétation régionale possède des caractéristiques qui lui sont propres, dictées par le climat et la nature du sol. Jusqu’à une époque relativement récente, les habitants faisaient pousser près de leurs habitations des variétés rustiques, dont la plupart se trouvaient déjà dans l’environnement naturel : l’utilisation de cultivars était limitée essentiellement aux arbres fruitiers ou à certains arbustes d’ornement, dont le plus connu est sans conteste le rosier. Ces arbres, pour la plupart, étaient destinés à un usage précis : fourniture de bois ou de fruits, protection contre le vent et le soleil, délimitation des parcelles. Sans oublier la décoration.
Aujourd'hui, les végétaux les plus couramment utilisés aux abords des habitations appartiennent à des espèces choisies pour la vitesse de leur croissance, leur aspect décoratif, voire leur exotisme, d'autant que le Lauragais, finalement n'est pas si loin de la Méditerranée. Ces plantes, cultivées en grandes quantités pour être vendues en masse, présentent l'avantage d'être disponibles à des prix intéressants, et l'on peut les trouver dans les jardineries sans aucune difficulté.

Mais les essences exotiques ou les végétaux méditerranéens sont loin de l’identité d’un territoire riche pourtant d’une forte personnalité. Faut-il pour autant renoncer à posséder toute espèce d’arbre ou d’arbuste dont le frère sauvage ne pousserait pas dans le bois voisin ? Certes, non. Il n’est pas question de se refuser la joie de voir rosir un cognassier du Japon alors que toute la végétation alentour dort encore. Si les "anciens" utilisaient des végétaux d’origine locale, c'est surtout parce qu'ils ne disposaient pas du choix qui est proposé aujourd'hui aux acheteurs. L’essentiel, aujourd’hui comme hier, est de trouver un équilibre entre un goût justifié pour des variétés commerciales dont le succès est parfaitement légitime, et la nécessité d’intégrer son jardin au paysage qui l’entoure. Un zeste de fantaisie dans un cadre aussi naturel que possible : la recette d’un bel environnement végétal pour une maison du Lauragais n’est pas plus compliquée, il suffit d'en éprouver le désir.

Depuis environ une dizaine d’années, on assiste à une prise de conscience collective de la fragilité de la nature. Bien plus qu’un phénomène de mode, il s’agit d’une véritable mutation dans notre appréhension de l’environnement. Cette évolution s’accompagne d’un retour vers des jardins un peu moins policés, où l’on désire aujourd’hui passer plus de temps à se détendre qu’à y travailler. Avec l’avènement des cultures "bio", même les potagers ont droit à une plus grande liberté. Le contrôle total de l’homme sur la végétation n’est plus de mise. Et la façon la plus simple de profiter d’un jardin sans lui consacrer de longues heures de travail, tout en s’assurant de le voir prospérer, c’est de le composer avec des végétaux adaptés à la région.

S’il est un domaine où les essences locales montrent tout leur intérêt, c’est bien celui des haies. En effet, l’une des premières décisions que l’on prend lorsque l’on s’installe dans une nouvelle maison, qu’elle soit neuve ou non, est de se protéger, le cas échéant, des regards indiscrets. Dans le Lauragais, il est en outre généralement nécessaire de s’abriter du vent. La plantation d’une haie fait donc souvent partie des priorités quant à l’aménagement extérieur. Mais trop souvent, l’on cède encore à la tentation d’aligner des cyprès de Leyland, des cotonéasters. Très économiques à l’achat, extrêmement faciles à se procurer, supportant parfaitement la taille et poussant incroyablement vite, ces arbres sont les champions toutes catégories des haies économiques. Du moins, tant qu’ils ne tombent pas malades, qu’on n’oublie pas de les maintenir sévèrement par deux tailles annuelles, et qu’on ne leur accorde qu’un rôle utilitaire d’écrans visuels sans grand intérêt esthétique.


Le cotonéaster n'est pas une espèce locale, mais ses fruits sont si décoratifs qu'il est difficile de résister à leur éclat.
Crédit photo : Couleur Média

Planter une haie champêtre, composée de diverses essences parfaitement adaptées au climat et au sol du Lauragais, n’est pourtant pas plus compliqué. Certes, il peut s’avérer un peu plus difficile de trouver les ar-bustes convoités, mais cette petite difficulté s’efface rapidement dès lors que l’on s’adresse à un pépiniériste local, qui connaît bien les sols de sa région et les exigences des végétaux. Par la suite, la haie champêtre ne présente que des avantages : entretien restreint, aspect naturel variant au fil des saisons, résistance aux maladies… Intérêt économique, environnemental et esthétique : la haie naturelle formée d’arbustes rustiques constitue un moyen efficace pour intégrer une habitation dans le paysage en toute harmonie. D’autant plus que, hormis un léger élagage de temps à autre, la taille se révèle inutile.

Quelles essences choisir ?

Le choix des arbustes de haies champêtres est suffisamment large pour satisfaire tous les goûts, et présenter un attrait visuel tout au long de l’année. Il est recommandé de mélanger plusieurs espèces d’arbres, arbustes et buissons, tant pour éviter la transmission des maladies (fléau des haies monospécifiques) que dans un but esthétique. Attention cependant à ne pas tomber dans le piège de la "collection" : dans une même haie, en fonction de sa longueur, l’idéal est de faire cohabiter 3 à 6 espèces, choisies pour leur floraison (au printemps), leurs baies souvent très colorées (à l’automne et en hiver), et leur feuillage (décoratif en été, lorsque les fleurs ont disparu, et à l’automne, pour ses couleurs chatoyantes). Une essence à feuillage persistant peut être judicieusement insérée dans la haie pour se protéger des regards.


En automne, l'alisier (ci-contre) et l'érable (ci-dessus)
présentent un feuillage flamboyant.
Crédit photos : Association Arbres et paysages d'Autan

 

Les arbustes peuvent être choisis parmi des essences répandues dans le Lauragais. Les arbres pour une haie haute qui protège du vent : l’érable champêtre (Acer campestre) dont le feuillage résiste au vent et prend une couleur jaune-or en automne ; le frêne (Fraxinus excelsior) à croissance rapide et de haute taille, au feuillage léger ; l’alisier torminal (Sorbus torminalis) décoratif toute l’année par ses grappes de fleurs blanches au printemps, ses fruits rouge-brun en été et ses feuilles rouges en automne. Les arbustes et les buissons, moins hauts, étoffent la haie : le lilas (Syringa vulgaris) décore les haies par sa belle floraison et son feuillage vert tendre ; le fusain d’Europe (Euonymus europaeus) apporte une touche de couleur avec ses fruits et son feuillage automnal rouge ; la viorne lantane (Viburnum lantana) au feuillage duveteux porte au printemps des bouquets de fleurs blanches et en été des fruits bleu nuit ; le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) enflamme les haies en automne avec son feuillage rouge violacé ; le troène des bois (Ligustrum vulgare) conserve une partie de son feuillage en hiver ; le nerprun alaterne (Rhamnus alaternus) garde ses feuilles en hiver, le prunellier (Prunus spinosa) est l’un des premiers à fleurir au printemps et ses baies bleues le parent tout l’hiver ; le cognassier (Cydonia oblonga) servait à marquer les limites de parcelles.


Fleurs de lilas (ci-dessus),
fruits de viorne lantane (en haut) ou bois coloré
du cornouiller sanguin (en bas, droite) : chaque espèce
végétale décore la haie à sa manière.
Crédit photo : Association Arbres et paysages d'Autan

Dans la Montagne Noire, au climat plus rigoureux et au sol acide, on peut ajouter aux espèces citées ci-dessus le houx, au feuillage persistant et dissuasif (Ilex aquifolium) et le charme, qui présente l’avantage de très bien supporter la taille, et dont les feuilles restent attachées aux branches pratiquement tout l’hiver (Carpinus betulus). Quant au noisetier (Corylus avellana), il présente un joli feuillage et, bien sûr, produit des fruits savoureux.

Dans l’est du Lauragais, où le climat est plus clément, le choix est élargi par des végétaux que l’on trouve couramment dans les régions méditerranéennes : le chêne vert (Quercus ilex) se développera en hauteur, l’érable de Montpellier (Acer monspessulanum) colorera de jaune la haie en automne ; l’arbousier (Arbutus unedo) appelé "arbre à fraises" fleurit et porte des fruits rouges toute l’année ; le laurier tin (Viburnum tinus) fleurit en hiver et conserve ses feuilles tout l’hiver ; les cistes (Cistus sp.) de taille modeste ont une floraison magnifique qui peut durer jusqu’en été. Le buis (Buxus sempervirens) pousse lentement, mais peut être utilisé en haie basse monospécifique.

Avec un tel choix, les combinaisons sont infinies ; chacun peut composer sa haie selon ses goûts, s’assurant de disposer pour sa maison d’un écran aussi naturel que personnalisé. Composée avec des essences bien choisies, implantée de manière à s’intégrer harmonieusement dans le paysage, la haie, au lieu de former un mur infranchissable, affirme au contraire l’identité régionale de l’habitat qu’elle abrite, transition harmonieuse entre la nature environnante et l’espace intime. À l'abri de cet écrin, il ne reste plus qu'à imaginer le plan du jardin lui-même, qu'il soit potager, destiné à accueillir les jeux des enfants ou les grillades en plein air... L'espace extérieur prolongeant la maison est avant tout un espace de liberté, que l'on peut concevoir avec l'aide d'un paysagiste qui connaît bien les caractéristiques du sol, et qui saura apporter les bons conseils en fonction de l'usage qu'on lui réserve. Le sujet est vaste, et Couleur Lauragais ne manquera pas d'y revenir.

Dominique Bardel - Article rédigé avec le concours de l’association Arbres et paysages d’Autan


L'arbousier produit des fruits très originaux, ressemblant à des fraises.
Crédit photo : Association Arbres et paysages d'Autan

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Quelques conseils de plantation
pour les haies

Du fait de leur rusticité et de leur adaptation aux conditions locales, les variétés champêtres n’exigent que peu de soins. Résistantes au gel et à la sécheresse, se plaisant dans les sols calcaires répandus dans le Lauragais, peu sensibles aux maladies, les espèces locales et régionales poussent presque toutes seules. Il convient cependant d’observer quelques règles simples pour assurer leur plein épanouissement.

Cette haie champêtre n'a qu'un an et a déjà fière allure.
Crédit photo : Association Arbres et paysages d'Autan

Planter pendant la période de repos

La plantation doit être effectuée pendant la période de repos de la plante (fin de l’automne et hiver), hors des périodes de gel ; autant que possible, préférer des sujets jeunes (deux ans). Les racines des arbustes livrés en motte, ne doivent pas être enroulées à l’intérieur du pot ; si les plantes sont livrées racines nues, le système radiculaire doit être le plus dense possible, pour accroître les chances de reprise. Une fois qu’il aura assuré un développement radiculaire suffisant, l’arbuste se mettra à pousser très rapidement. Le sol sera fumé à l’aide d’un engrais naturel à diffusion lente, répandu au fond d’une cavité qu’on creusera suffisamment large et haute pour que les racines ne soient pas comprimées, ni en contact direct avec la fumure (risque de brûlure).

Pailler pour limiter les arrosages

Un paillage naturel, avec des éclats de bois ou de la paille agricole, sur une épaisseur suffisante, permet de limiter les effets de l’évaporation, tout en formant une barrière naturelle contre les mauvaises herbes. Un paillage naturel permet, au fil des mois et des ans, d’enrichir le sol, formant progressivement un humus dont l’arbre se nourrira pour croître.


Cette haie double est protégée par un paillage naturel qui enichira le sol progressivement.
Crédit photo : Association Arbres et paysages d'Autan

Au cours des premiers étés, si la sécheresse et la chaleur perdurent, un léger arrosage (à la tombée de la nuit) permettra aux jeunes arbres de passer cette période délicate sans encombre. Il ne faut pas oublier que, dans la nature, les jeunes végétaux naissent et croissent à l’abri de leurs aînés, ou sous la protection d’épaisses prairies. Si ces quelques précautions sont respectées au début de la vie de l’arbre, il suffira par la suite de le surveiller, pour s’assurer qu’il se développe sans encombre… et de l’admirer.

Attention aux distances

L’une des erreurs les plus courantes lors de la plantation d’une haie est de placer les arbres trop près les uns des autres. Il est effectivement bien difficile d’imaginer que les maigres plantules dispersées le long des limites du jardin deviendront bientôt des individus vigoureux capables de former un rempart infranchissable. Il faut donc se renseigner sur la taille adulte des arbres, afin qu’ils disposent de tout l’espace nécessaire pour se développer. Ils doivent, tout au long de leur vie, disposer de place et de lumière, sous peine de rester chétifs, voire de dépérir. Plantés à une bonne distance (pour des arbustes, de 0,80 à 1 mètre), ils ne prendront que quelques années pour atteindre un volume suffisant et former une belle haie en pleine santé. En attendant, un écran saisonnier peut être aménagé, en plaçant par exemple devant la haie des massifs de fleurs annuelles à grand développement. En revanche, il faut absolument éviter de disposer près des jeunes arbres des palissades opaques, qui les priveraient de la lumière dont ils ont tant besoin.

Si le terrain est suffisamment grand, et pour obtenir une haie plus dense, il est possible de disposer les arbres sur deux rangs, plantés en quinconce. Les essences poussant le plus haut sont placées sur le rang extérieur ; leur rôle sera de constituer un écran contre le vent. Le rang intérieur, destiné à offrir un abri contre les regards, sera constitué d’espèces à faible développement vertical. Une meilleure protection sera assurée contre le vent si les arbres le laissent filtrer, sans lui faire barrage. Avec des haies trop denses, le vent est contraint de contourner l’obstacle et forme des tourbillons très désagréables après l’avoir franchi… C’est exactement l’effet inverse de celui qui était recherché.
Attention à la législation concernant les arbres de plus de deux mètres de haut : ils doivent impérativement être plantés à deux mètres, au moins, de la limite de la propriété.

Profiter du paysage

Enfin, le paysage du Lauragais est bien trop beau pour qu’on s’en prive en voulant préserver son intimité. Aussi, il est essentiel, lors de l’implantation d’une haie, d’aménager des trouées permettant de jouir du panorama. Il faut pour cela prendre le temps d’étudier la disposition des arbres en fonction de leur hauteur et de leur encombrement au sol, afin de trouver le meilleur compromis entre l’ouverture sur le paysage environnant et la protection contre les regards indiscrets. Dessiner un plan à l’échelle permet d’éviter bien des erreurs ; un paysagiste saura dresser un tel plan en tenant compte de la configuration du terrain et de la maison, et en suggérant un choix de variétés végétales adaptées.

Dominique Bardel


Cistes à la superbe floraison (à gauche) et pruneliers aux fruits comestibles (à droite) :
chaque arbuste possède son propre charme.
Crédit photo : Association Arbres et paysages d'Autan


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