Piscine : quel
système de
traitement de l'eau ?
Une piscine, tout le monde en rêve mais pour garantir hygiène et confort il ne faut pas hésiter à se pencher sur
quelques aspects techniques qui feront la différence. Parmi eux, le système de traitement de l'eau revêt une importance capitale. Manuel, par ionisation, par ultraviolets, par ozone…
ils sont nombreux. Couleur Lauragais fait le point sur leurs caractéristiques et leurs atouts afin de choisir le système le plus optimal et profiter de sa piscine l'esprit tranquille.
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Pour garantir une eau de baignade saine, mieux vaut s'équiper d'un système de traitement de l'eau performant. crédit photo : Couleur Média |
Petit lexique du spécialiste
Le pH : il désigne le potentiel hydrogène et indique le niveau d'acidité de l'eau. L'eau est acide si le pH se situe entre 0 et 6, elle est basique entre 8 et 14 et neutre aux alentours de 7. On attend de l'eau d'une piscine qu'elle soit neutre ou légèrement basique, le taux idéal de pH étant 7,4. En cas de pH mauvais, l'eau de la piscine peut virer, irriter les yeux ou des algues ou du calcaire peuvent se développer.
La dureté : elle est un indicateur du niveau de calcaire dans l'eau et correspond à sa teneur en calcium et en magnésium. Plus elle en contient, plus elle est qualifiée de « dure ». La dureté s'exprime en degrés français (°F). La dureté de l'eau est différente selon la région de résidence et est comprise entre 0 et 40 °F, soit une moyenne établie autour de 20.
L'alcalinité : le TAC (Titre Alcalimétrique Complet) a des répercussions sur la stabilité du pH et doit être compris entre 12 et 16 °F selon le traitement utilisé. Si le taux est trop bas, le pH devient incontrôlable, s'il est trop haut, cela favorise les dépôts de tartre et une eau trouble.
La rémanence : ce terme désigne la durée pendant laquelle un produit ou un procédé est actif sans qu'il soit nécessaire de renouveler la dose ou l'action. En matière de traitement de l'eau, certains produits n'ont pas de rémanence, c'est notamment le cas du traitement par ultra violets auquel on associera un traitement complémentaire afin de prévenir la formation de bactéries ou d'algues.
Pourquoi un système de traitement de l'eau ?
En piscine, la qualité de l'eau se définit à l'aune de trois éléments : la teneur en calcaire, le niveau de pH et l'alcalinité. Chaque traitement fonctionne selon un certain niveau de pH et remplit une fonction bien précise, oxydante, désinfectante... Le niveau de pH est essentiel car il conditionne l'efficacité du traitement de l'eau choisi. Avant d'être traitée, l'eau de piscine doit au préalable être filtrée. Ensuite, le traitement entre en scène pour éviter la formation d'algues, de bactéries ou de calcaire.
Les traitements manuels
Ils sont au nombre de cinq et sont accessibles à tous à condition de veiller au respect de quelques règles.
• Le chlore : c'est le traitement le plus classique. Il offre l'avantage, dans certains cas, de permettre des traitements de choc à effet immédiat. On le recommande avant l'hivernage, en cas de forte fréquentation, lorsque l'eau est sale ou encore lorsque des algues s'y sont développées. Son action bactéricide mais également algicide et oxydante élimine les impuretés. Les professionnels recommandent l'usage de doseurs automatiques de chlore afin d'éviter un surdosage. On trouve le chlore sous forme de granulés, de galets ou de pastilles. Le traitement de l'eau par le chlore est conseillé à condition que le pH soit correct, entre 7,2 et 7,6. En cas d'eau trop chlorée, il conviendra d'intervenir car, outre l'inconfort, cela peut être préjudiciable au système de filtration, au liner et à la piscine dans son ensemble. Il est conseillé de stopper le traitement ou d'avoir recours au thiosulfate de sodium pour rétablir l'équilibre.
• Le brome : aussi efficace que le chlore, ce traitement est sans odeur. Il est également prescrit pour des traitements choc à effet immédiat et bénéficie aussi de propriétés algicides et oxydantes. Il s'agit d'un produit inodore et non irritant pour les yeux et les mu-queuses mais très dangereux, à ne surtout pas laisser à la portée des enfants même si cela vaut pour tous les produits de traitement de l'eau. Le brome reste actif sans stabilisant, même à une température élevée, sa dissolution est lente et il offre l'avantage de ne pas modifier le pH. Il convient de vérifier la concentration du brome dans l'eau pour maintenir un niveau de 2 à 4 mg/L. On trouve le brome sous forme de galets, pastilles ou tablettes.
• Le PHMB : le poly hexaméthylène biguanide est un traitement désinfectant efficace mais non algicide qui nécessitera donc un traitement complémentaire. Disponible sous forme liquide ou en pastille cette molécule chimique est très efficace pour une stérilisation bactériale et fongicide, qui plus est sur le long terme. Le PHMB est neutre et inodore, il n'irrite pas les yeux et les muqueuses et n'est pas sensible aux variations du taux de pH. Ce traitement manuel n'est pas compatible avec le chlore et le brome, il faudra donc vider entièrement le bassin en cas de changement de système de traitement. Pour une action complémentaire algicide, on peut en revanche opter pour un traitement à l'oxygène actif ou aux UV. Pour vérifier le taux de concentration en PHMB, il conviendra d'avoir recours à des tests à l'aide de bandelettes, son taux doit être compris entre 30 et 45 mg/l. En cas de surdosage, l'eau peut devenir blanchâtre.
• L'oxygène actif : ce système de traitement peut venir en complément d'autres solutions. En effet, son pouvoir désinfectant est limité, il est donc réservé à des bassins de 60 m3, soit environ de 10 m sur 4 m. Il est en revanche très efficace pour lutter contre les algues et les champignons. Pour être efficace, ce système a besoin d'une filtration en continu. Il se décompose en eau et en oxygène et ne laisse donc aucun résidu dans l'eau. Son action est courte, il convient de le renouveler régulièrement. Il est disponible en granulés, galets, poudre ou liquide.
• Le sulfate de cuivre : cet algicide à l'effet floculant devra être utilisé avec beaucoup de précaution. Car s'il est toxique pour les algues, il l'est aussi pour d'autres plantes. Pour information, il n'est pas compatible avec le PHMB.
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En général, il convient de laisser les produits d'entretien, quels qu'ils soient, hors de portée des enfants.
Crédit photo : Fotolia©ricardoferrando
Le traitement par ionisation
C'est un traitement naturel qui consiste à libérer de faibles quantités de cuivre et d'argent dans l'eau afin de détruire les algues et les bactéries. En effet, le cuivre, un algicide puissant, a aussi un pouvoir floculant c'est-à-dire qu'il épure en rassemblant en flocons les impuretés en suspension dans l'eau. De son côté, l'argent est un bactéricide redoutable. La combinaison des deux est donc très intéressante en piscine. L'action désinfectante du traitement par ionisation est commandée à partir d'un boîtier placé sur le circuit de filtration. Ce boîtier contient des électrodes composées d'un alliage de cuivre et d'argent qui, parcourues d'un faible courant, produisent des particules métalliques. Les ions cuivre et argent sont alors chargés positivement et à même de rechercher et de détruire les ions chargés négativement, soit, les micro-organismes. On équipe surtout les piscines familiales de ionisateurs mono-cellules placés entre la pompe et le filtre, en amont du filtre pour faciliter le travail d'épuration des impuretés. En principe, le traitement par ionisation peut être complété par un traitement ponctuel au chlore. Cette solution permet néanmoins de réduire considérablement le recours au chlore et ses désagréments potentiels. Les équipements existants sont de deux sortes, électrique ou alimenté grâce à l'énergie solaire. L'eau est désinfectée de façon naturelle, mais elle requiert de fréquents contrôles du taux d'ions et de pH à moins que l'équipement ne comprenne un régulateur automatique de pH. Très sensible aux variations de pH, le ionisateur est efficace dans une eau au pH compris entre 7 et 7,2. Enfin, certains équipements couplent un traitement de l'eau par UV et un ionisateur.
La stérilisation par ultraviolets
Egalement naturel, ce système de traitement est très efficace. Son fonctionnement repose sur les ultraviolets, lumière invisible émise par le soleil, un phénomène naturel reproduit par les systèmes de traitement du même nom grâce à de puissantes lampes. Soumise à des rayonnements dans une chambre de traitement où elle circule en couches minces, l'eau est désinfectée grâce à ce traitement qui agit directement sur l'ADN. Les lampes diffusent des UV-C qui ont un puissant pouvoir bactéricide, virucide et algicide. Pour être efficaces, ces systèmes s'appuient sur le temps d'exposition et l'énergie émise à la distance la plus éloignée de la lampe. Le procédé se déroule pendant la filtration de l'eau qui va circuler à l'intérieur de l'appareil de traitement UV et donc soumettre toutes les bactéries présentes à la destruction par UV. Ce procédé écologique doit cependant être associé à un traitement complémentaire qui va prévenir la formation de bactéries et d'algues. On lui associe donc souvent de l'oxygène actif ou du brome manuellement ou de manière automatique grâce à une pompe doseuse qui injecte chaque jour la dose de produit rémanent nécessaire. Ce système de traitement est compatible avec tous les types de filtration, au sable, diatomée, à cartouche etc à condition que la filtration soit très performante au risque que de trop grosses particules ne perturbent le traitement de l'eau par les UV. Ce procédé limite le recours aux produits chimiques et ne modifie pas la composition de l'eau, il n'a aucun impact sur son pH. Le stérilisateur UV devra être installé dans le local technique après le système de filtration. Il est composé d'une ou plusieurs lampes à vapeur de mercure et l'eau est exposée aux rayonnements suffisamment longtemps pour que les UV agissent. Pour un système de traitement efficace, il conviendra de changer les lampes UV lorsque cela est nécessaire. Leur durée de vie est exprimée en nombre d'heures de fonctionnement affiché sur le compteur. En principe, elles seront efficaces, pour une utilisation moyenne, 13000 heures, donc plusieurs années. Le traitement de l'eau par UV permet d'écarter le risque d'allergie, les désagréments olfactifs ou l'irritation des yeux et des muqueuses.
La plupart des systèmes de filtration nécessitent le contrôle régulier du pH de l'eau de la piscine. Crédit photo : fotolia©Pixinoo
L'électrolyse au sel ou chlorinateur
Système de traitement naturel, le chlorinateur s'appuie sur le principe de l'électrolyse qui permet au sel de se transformer en chlore qui se retransforme à son tour en sel. Une certaine quantité de sel est versée dans le bassin au moment de la mise en service, entre 4 et 7 kg/m3. Ensuite, une électrode en titane alimentée électriquement est placée à la sortie du filtre. Quand l'eau passe entre les électrodes, celles-ci oxydent le sel qui se transforme en chlore naturel appelé hypochlorite de sodium. Il s'agit d'un puissant oxydant et désinfectant capable d'éliminer les bactéries grâce à une libération en continu et en petite quantité. Ce procédé est sans odeur et ne nécessite aucune intervention, les électrolyseurs au sel s'appuient sur un coffret électrique qui va réguler la production d'hypochlorite de sodium en fonction de la fréquentation de la piscine et du volume d'eau. Contrai-rement à ce que l'on pourrait imaginer, ce système de traitement de l'eau ne s'appuie pas sur une consommation importante de sel puis-qu'il se renouvelle en continu. Cependant, il conviendra de faire un apport régulier afin de compenser la perte d'eau salée consécutive d'une forte pluie, du nettoyage du filtre ou d'un ajout d'eau après l'hivernage. Certains équipements sont par ailleurs munis d'un régulateur permettant de mesurer le taux de pH et de rétablir au besoin d'équilibre. En effet, le système tend à augmenter la valeur du pH qui doit être maintenu entre 7,2 et 7,6. Le taux de chlore devra également être mesuré fréquemment. L'électrolyseur au sel doit être installé par un professionnel à la fin du circuit de circulation d'eau.
Le traitement par l'ozone
L'ozone est un gaz naturel qui se forme lorsque la molécule d'oxygène se brise dans l'air. Le nombre d'atomes d'oxygène devient alors impair, et cherche à se recombiner pour donner la molécule d'oxygène O². Le traitement de l'eau par l'ozone nécessite de s'équiper d'un ozonateur. En diffusant ce gaz, l'équipement détruit les bactéries et matières organiques. Sa fonction est désinfectante et oxydante. Techniquement, l'ozonateur se compose d'un surppresseur, d'un transformateur et d'un sécheur d'air, il est alimenté par électricité. En pratique, le système aspire l'air ambiant et le sèche avant qu'une décharge électrique ne le transforme en ozone. C'est ce gaz qui sera ensuite envoyé dans le circuit de filtration. De fait, la désinfection de l'eau s'opère en même temps que son épuration au moment du passage dans le filtre. Il faut savoir que la température a un impact sur le fonctionnement du système : plus elle est élevée plus la quantité d'ozone sera conséquente, de l'ordre de 0,8 g d'ozone/m³ dans une eau à 28°C. Parce qu'il est dangereux à forte dose dans l'air et dans l'eau, l'ozone n'est pas envoyé directement dans le bassin où sont taux doit se limiter à 0,1 mg d'ozone par litre d'eau.
Et en période d'hivernage ?
L'hivernage de la piscine est conseillé lorsque la température extérieure avoisine les 12°C, sous peine de détériorer la qualité de l'eau. En cas d'hivernage total, le système de traitement de l'eau est totalement arrêté et une couverture spéciale est installée sur le bassin. On peut également instaurer un hivernage actif à condition que le risque de gel soit écarté, dans ce cas, toutes les techniques d'entretien de la piscine sont maintenues. Au printemps et dès que la météo le permet, toutes les installations devront être contrôlées, y compris le système de traitement de l'eau dont la maintenance doit être assurée par un professionnel. Afin de profiter sereinement des joies de la piscine, certaines pièces seront changées si nécessaire avant de faire fonctionner l'équipement à plein régime.
Un point sur les piscines naturelles
Les bassins dits écologiques sont construits autour d'un espace de baignade et de filtration. Le système de traitement de l'eau s'appuie exclusivement sur des plantes et ne recourt à aucun produit chimique. Ces plantes aquatiques sont nécessaires à l'épuration et à la régénération de l'eau selon un procédé naturel. En effet, les bactéries vont s'accrocher à leurs racines et ainsi purifier l'eau. Les microorganismes absorbent les résidus organiques et les transforment en éléments nutritifs pour maintenir l'équilibre de l'écosystème. Certaines plantes vont également ingérer l'azote, l'ammonium et le phosphate, à l'origine du développement des algues. Parmi les variétés épuratives conseillées, on compte la jacinthe d'eau, les phragmites semblables à des grands roseaux, le caltha palustris, ou encore la menthe aquatique. Pour les plantes oxygénantes, on se dirigera vers l'hippuris, l'élodée ou encore la renoncule aquatique. Dans tous les cas, il conviendra de suivre les conseils des professionnels afin de choisir des plantes adaptées au climat de la région.
L'entretien des piscines naturelles repose sur des plantes aquatiques aux fonctions épuratives et oxygénantes.
Crédit photo : Fotolia©valoudu63
Pour être certain de faire le bon choix, il est conseillé de demander conseil aux professionnels du secteur. En fonction du volume d'eau et des contraintes d'entretien, ils seront à même d'orienter le propriétaire vers la solution de traitement la mieux adaptée.
Isabelle Barèges