Aménagement extérieur

Toitures : entre tradition et modernité

Qu'il s'agisse d'une rénovation ou d'une construction neuve, la réalisation d'une toiture est un point essentiel de son projet d'aménagement. Performance et esthétique sont au cœur de cette réflexion qui devra également prendre en compte l'architecture locale et la réglementation. Si dans le Lauragais, les toitures présentent une harmonie de lignes et de matériaux, le territoire tend également à s'ouvrir aux nouvelles tendances que sont les toits plats, les toits terrasses ou encore les toits végétalisés.

La Charte architecturale et paysagère du Pays Lauragais met en avant un ensemble d'éléments spécifiques à notre territoire afin de garantir un aménagement harmonieux.
La Charte architecturale et paysagère du Pays Lauragais met en avant un ensemble d'éléments spécifiques à notre territoire afin de garantir un aménagement harmonieux. crédit photo : CAUE Haute-Garonne
Quel que soit le choix opéré, on consultera volontiers les professionnels de l'habitat et les artisans spécialisés. A la clé, un habitat sain, des réductions des pertes d'isolation et donc des économies d'énergie sans compter l'augmentation de la valeur immobilière du bien.

Les toitures dans le Lauragais
La Charte architecturale et paysagère du Pays Lauragais - Pour connaître les spécificités de l'habitat local, il convient de se référer à la Charte architecturale et paysagère du Pays Lauragais. Rappelons que cet outil élaboré pour le compte du Syndicat Mixte du Pays Lauragais a pour objectif de rendre compte de la richesse paysagère et architecturale du Pays et de promouvoir des aménagements en harmonie avec les spécificités du territoire. Dans ce document, on constate que la tuile canal est privilégiée pour couvrir les toitures du Lauragais. La pente est en principe plutôt faible, de l'ordre de 15 à 30%. Le document précise que les débords de toiture sont en majorité "constitués de génoises de un à trois rangs, parfois en alternance avec un rang de parefeuille en terre cuite ou, cas particulier, en pierre à Verdun en Lauragais". Les tuiles qui sont destinées à guider l'évacuation des eaux sont quant à elles posées largement en avant de la génoise. Plus l'on se rapproche de Toulouse, plus l'on constate la présence de débords en brique, "par appareillage de petits éléments ou par pose de corniches moulées en terre cuite".
Sur le territoire du Lauragais, on note également la présence d'avancées de toit en bois, c'est notamment le cas sur les maisons à colombages.
Que dit le CAUE ?
Afin de prendre connaissance des particularités des constructions sur le lieu d'implantation du projet, on peut également contacter son Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE du Tarn, de la Haute-Garonne ou de l'Aude). Chaque zone peut en effet présenter des spécificités qu'il est utile de connaître avant d'arrêter son projet.


génoise à trois rangsvisuel n°1

pierre en rive de toit
visuel n°2

les corbeaux en bois
visuel n°3

Dans ce document de référence, il est mis en évidence 3 types d'aménagements caractéristiques des toitures traditionnelles
du Lauragais: - la génoise à trois rangs (visuel n°2) - la pierre en rive de toit (visuel n°3) - les corbeaux en bois (visuel n°4) crédit photos : Syndicat Mixte du Pays Lauragais

La tuile canal : une couverture utilisée depuis le haut Moyen-Age
La tuile canal est une tuile courbe d'argile cuite de 35 à 45 cm de long, de 15 à 25 cm de large et de 8 à 10 mm d'épaisseur. Dès le haut Moyen-Age, à partir du Vème siècle, on abandonne la tegula, une tuile plate, au profit de la tuile canal. Ces tuiles d'argile, cuites à une température de 800°C à 1200°C, présentent diverses teintes selon la teneur en oxyde de l'argile. Pour réaliser une couverture, on appose deux couches de tuiles disposées selon leur usage, en courant ou en couvert sur un voligeage. On appelle voligeage un plancher constitué de voliges, des planches de bois, posées sur des chevrons. Les toits couverts par de la tuile canal présentent souvent un avant-toit de 40 à 80 cm. En Lauragais, les tuiles canal servent également à construire des génoises, ces corniches constituées de 2 à 4 rangs à débords progressifs de tuiles, en quinconce ou galbes inversés. La tuile canal présente une bonne résistance aux intempéries et au vent et a une durée de vie de 25 à 30 ans en moyenne selon la qualité de départ. Après quoi, elles peuvent devenir poreuses. Cependant, certaines, beaucoup plus anciennes continuent de remplir leur rôle d'étanchéisation sur certaines vieilles toitures du Lauragais.

Utilisée depuis le haut Moyen-Age, la tuile canal est la couverture la plus largement répandue dans le Lauragais.

Utilisée depuis le haut Moyen-Age, la tuile canal est la couverture la plus largement
répandue dans le Lauragais. crédit photo : Isabelle Barèges

Repères : les éléments à prendre en compte
Dans les constructions neuves, la conception d'une toiture tient compte de certains éléments fondamentaux. Le projet présenté par le professionnel comprendra un ensemble de préconisations portant sur :
• le modèle de charpente
• le calcul des pentes
• l'isolation thermique des combles
• l'aération et la ventilation du bâtiment
• la gestion des eaux pluviales (réception et évacuation)

Charpentes : faire le bon choix
Traditionnelle ou à fermettes ? La charpente traditionnelle ou la charpente à fermettes sont les deux catégories de charpente les plus couramment construites. La première est à privilégier par ceux qui souhaitent aménager les combles. Assemblée à l'aide de broches ou de boulons, la charpente traditionnelle est en bois massif. La charpente à fermettes est quant à elle constituée de planches en bois et fixée sous presse. Avec un poids d'environ 150 kg par mètre, elle résiste à une forte pression et présente l'avantage d'être facile à isoler.
Et côté matériaux ? On peut opter pour une charpente en bois ou une charpente métallique. Le bois, à la fois solide, résistant et isolant, est le plus couramment utilisé, il conviendra de traiter la charpente afin d'éviter que ces propriétés ne soient menacées dans le temps. En matière d'essences, on opte en principe pour l'épicéa, le châtaigner, le chêne … La charpente métallique, encore rare en France, présente pourtant quelques avantages. Ce matériau résistant à l'humidité et très solide pèse deux fois moins qu'une charpente en bois. Pour information la charpente en béton a également tendance à se démocratiser grâce aux bonnes capacités thermique, à la légèreté et à la solidité du matériau. 

Tendances toitures
Les toitures du moment associent attrait architectural, performance et dimension environnementale. Très futées, certaines rendent également possible l'aménagement de nouveaux espaces à vivre. Egalement techniques, elles requièrent l'intervention et l'expertise de professionnels qui assureront à l'ouvrage solidité et longévité.
Les toits plats
Résolument contemporains, les toits plats ne sont plus réservés aux immeubles d'entreprise. Grâce à l'amélioration des matériaux et aux compétences de professionnels spécialisés, ces toitures ne posent plus de problème d'étanchéité. Pour permettre l'écoulement des eaux, la pente devra être au minimum de 5%.
Les toits terrasses
Ils étaient utilisés dès l'Antiquité dans les constructions en pierre. Aujourd'hui, même si on les privilégie toujours sous des cieux cléments, dans des zones à faible pluviométrie, on en construit partout, notamment en milieu urbain grâce à de performants systèmes d'étanchéité. La pente des toits-terrasses est inférieure à 5%, par conséquent, à l'inverse d'une toiture classique qui évacue rapidement la pluie grâce à son inclinaison, on aura recours à un ou plusieurs points d'évacuation, notamment un tube, souvent en acier, d'un diamètre minimum de 10 cm. L'ouvrage se compose de quatre éléments : l'élément porteur, le support d'étanchéité, le revêtement d'étanchéité et la protection de l'étanchéité. Un toit terrasse devra être régulièrement inspecté afin d'éviter les risques d'infiltration. Orifices d'évacuation, relevés d'étanchéité, prolifération de végétaux, l'inspection de professionnels s'impose au minimum une fois par an. Ce type de toiture peut supporter entre 100 et 200 kg par mètre carré. Pour beaucoup, outre l'attrait architectural, un toit-terrasse permet d'aménager un espace à vivre. Le toit terrasse peut également accueillir des panneaux photovoltaïques qui seront intégrés dans le revêtement d'étanchéité ou poser sur le toit-terrasse à condition qu'ils soient compatibles avec le revêtement d'étanchéité. Plus couramment, les toits terrasses sont prétexte à créer une terrasse de loisirs meublée, une toiture végétalisée ou un jardin. Enfin, sachez que convertir un toit traditionnel en toit terrasse est possible mais fastidieux, d'où la rareté de ce type de chantier.
Les toits végétalisés
Il s'agit de toitures, toit plat ou de faible pente (jusqu'à 30°), recouvertes d'un substrat végétalisé. C'est l'apanage des habitats durables tant pour des raisons esthétiques qu'au plan écologique. Ces toitures assignent en effet aux plantes un rôle essentiel pour l'environnement et la structure elle-même : renouveler l'air, absorber les rejets de CO2 et certains polluants et contribuer à amortir le flux de l'eau lors de grosses averses. Grâce à la végétation, l'eau se trouve retenue : une averse de dix minutes mettra par exemple une demi-heure à s'écouler. Ce type de toiture permet également des économies d'énergie grâce à l'inertie thermique et à la protection végétale qui permettent de maintenir la température du support de la toiture constante durant toute l'année. La végétalisation protège également le toit des UV, des chocs thermiques et du même coup, améliore sa longévité. La terre végétalisée est également un très bon isolant acoustique et l'équipement a l'avantage, si le substrat est saturé d'eau, de retarder la propagation d'un incendie. Les CAUE nous en disent davantage sur ces toitures qui poussent aujourd'hui comme des champignons. Elles sont constitués, outre d'une structure portante et de matériaux d'isolation, d'un système de drainage (bâche ou film plastique) qui empêchera la pénétration des racines, d'une couche de drainage et de filtration, d'un substrat de croissance (terre ou substrat de croissance fabriqué, parfois sans terre comme la mousse de sphaigne, le terreau, la terre noire) recouvert d'une végétation choisie en fonction du climat et de la pente. Il existe trois types de végétations :
• la première est dite "extensive" et correspond à une végétalisation légère utilisant moins de 10 cm de substrat. Elle demande peu d'entretien car la couverture végétale est permanente, elle est choisie pour changer d'aspect selon la saison. La végétalisation légère est très prisée car elle permet de limiter les chocs thermiques, on dit qu'elle protège l'étanchéité au point de doubler sa longévité de départ que l'on estime à une quinzaine d'années environ
• la végétalisation semi intensive utilisant assez peu de substrat (de 10 à 30 cm d'épaisseur) nécessitant un entretien régulier.
• la végétalisation intensive, correspondant à un jardin suspendu et nécessitant beaucoup de substrat (de 20 à 60 cm) et un entretien très régulier.
On privilégiera les couvre-sols (œillets, thyms ..), les plantes fleuries (origans, alliums, iris nain …), les graminées (fétuque) et les plantes vertes (iberis, armoises …).

Si les toits végétalisés sont résolument tendance, c'est aussi parce qu'ils imposent un cercle vertueux en matière de gestion environnementale. Renouvellement de l'air, absorption des rejets de CO2, amortissement du flux de l'eau lors de grosses averses comptent au nombre de leurs principaux atouts.

Si les toits végétalisés sont résolument tendance, c'est aussi parce qu'ils imposent un cercle vertueux en matière
de gestion environnementale. Renouvellement de l'air, absorption des rejets de CO2, amortissement du flux de l'eau
lors de grosses averses comptent au nombre de leurs principaux atouts. crédit photo : fotolia© Stefan Körber

Autorisation préalable
Pour rappel, les travaux d'entretien ou de réparation qui ne modifient pas l'aspect extérieur de l'habitat ne sont, en principe, soumis à aucune déclaration. C'est notamment le cas concernant la remise en l'état et la réparation d'une toiture sans changement de pente ou de matériau d'origine. Cependant, il en a parfois été jugé autrement. Par conséquent, il est conseillé de consulter sa mairie et son Plan Local d'Urbanisme pour s'assurer, sur la base du projet d'aménagement, qu'il n'est pas soumis à déclaration préalable. Pour tous les travaux modifiant l'aspect initial de la toiture, l'article R.421-17 du code de l'urbanisme prévoit en revanche une demande d'autorisation préalable. Notez que s'il est envisagé de surélever le toit ou de changer l'inclinaison de la toiture, un permis de cons-truire est requis.

Le cas particulier de la zone protégée - Réaliser ou réparer une toiture en zone protégée (zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager ou dans le périmètre d'un bâtiment classé) exige le respect d'une réglementation plus stricte. Il convient de consulter l'architecte des Bâtiments de France avant de commencer les travaux.

Les normes en vigueur - Plus d'une vingtaine de textes régissent la construction et la rénovation d'une toiture, principalement listées dans les Documents Techniques Unifiés (DTU). Elles concernent entre autres la charpente et le support, l'isolation, l'aération, la pente de toit, la ventilation, l'écran sous toiture et pare-vapeur... Concernant l'évacuation des eaux pluviales par exemple, le zinc, principal matériau utilisé, doit répondre à la norme NV65 et au DTU 40-41. Plus globalement, une norme européenne EN988 réglemente tous les équipements fabriqués à partir de ce matériau. De la même manière, les gouttières en aluminium doivent respecter la norme NF EN612. Compte-tenu de l'enjeu en terme de longévité, de sécurité mais également en matière d'économies d'énergie, les travaux de toiture sont soumis à une réglementation pointue dont l'évolution est suivie et maîtrisée par les professionnels du secteur.

La réalisation et la réfection de toiture peuvent également donner lieu à une réflexion sur les énergies vertes. Les toits plats sont à ce titre prisés pour l’installation de panneaux photovoltaïques.

La réalisation et la réfection de toiture peuvent également donner lieu à une réflexion sur les énergies vertes.
Les toits plats sont à ce titre prisés pour l'installation de panneaux photovoltaïque. crédit photo : fotolia© Thomas Launois

Rénovation : les signes d'alerte - 30 % des pertes de chaleur s'effectuent par le toit, il est donc conseillé de surveiller l'évolution de la toiture de son habitat régulièrement sans remettre à demain les travaux d'entretien et de rénovation qui s'imposent. Pour cela l'expertise de professionnels est indispensable, eux-seuls sont à même de déterminer les travaux à mettre en œuvre pour garantir la longévité de l'équipement. Les signaux d'alerte sont nombreux : fuite, infiltrations d'eau, apparition de mousse et lichen, signes de porosité. L'inspection de la toiture se fera au minimum deux fois par an, au printemps et à l'automne. Pour réaliser les travaux, le printemps semble tout indiqué ou toute autre période clémente et peu humide afin de faciliter la tâche des artisans.

Démoussage : quelles solutions ? - Pour des raisons évidentes de sécurité (humidité, pente et sol glissant), c'est indéniablement l'affaire des professionnels. Pour démousser, ils auront notamment recours à un nettoyeur à eau sous haute pression permettant de stopper l'invasion végétale, à défaut, à des algicides. Une autre solution consiste à procéder à un traitement hydrofuge en pulvérisant sur la toiture un produit répulsif à l'eau. Une fois rincé et sec, le produit déposé sur les tuiles tendra à repousser l'humidité et l'eau de pluie. Très efficace, il évite les risques de stagnation de l'eau et limite son intrusion au travers des tuiles. Le démoussage régulier d'une toiture est indispensable afin de prolonger la performance de l'ouvrage.

Les professionnels de référence
Les métiers liés à la réalisation ou la réfection de toitures sont souvent des professions à risque. Travailler sur un toit, à plusieurs mètres de hauteur ne s'improvise pas et nécessite le respect de nombreux protocoles de sécurité. Si le recours aux professionnels du secteur s'impose d'autant plus, il s'agit aussi de réduire les pertes d'isolation et d'augmenter la valeur immobilière du bien. Dans le cadre d'un chantier de conception ou de réparation de toiture, le particulier sera en contact avec différents artisans spécialisés selon l'entreprise réalisant la maîtrise d'œuvre.

Le charpentier - Il a la responsabilité de concevoir l'ossature du toit ou de la restaurer. Après étude de la structure, il trace l'ouvrage et assure sa fabrication en atelier avant de réaliser l'assemblage sur le chantier, à savoir le levage et le montage des différentes pièces de la charpente mais également son habillage et son isolation. Le charpentier travaille le bois, son matériau de prédilection, cependant, il existe également des charpentiers métalliques qui réalisent le même type d'ouvrage en ayant recours à des plaques d'acier. Quel que soit le matériau, les charpentiers utilisent désormais des machines à commande numérique.
Le couvreur-zingueur - La réalisation de la couverture requiert des compétences spécialisées et fait appel aux couvreurs et aux maçons. Le couvreur est un artisan spécialisé dans la pose de revêtements d'isolation, c'est lui qui assure également l'entretien et la réparation des toitures endommagées. Ses conseils sont indispensables dans le choix des matériaux les plus appropriés à l'habitat et à la zone d'implantation. S'il réalise la pose des tuiles, il peut également intervenir en matière d'isolation, d'étanchéité et certains éléments de charpente. C'est également le couvreur qui assurera l'installation des systèmes d'évacuation des eaux de pluie et une bonne intégration du toit eu égard à d'autres éléments tels que les ouvertures, fenêtres de toit … Le couvreur zingueur interviendra quant à lui pour raccorder tous les éléments en zinc (gouttières…), les gaines d'aération, cheminées, notamment sur des toits anciens. Cet artisan spécialisé travaille par ailleurs à partir de matériaux tels que le cuivre, l'aluminium, l'inox…
L'étancheur - Son métier consiste à réaliser des revêtements d'étanchéité visant à mettre "hors d'eau". Il peut selon les cas être en charge de l'isolation thermique mais également de la protection des revêtements à l'aide de gravillons, d'une végétalisation ou de dalles.

Comme tous les artisans spécialisés dans la construction, la réparation ou l'entretien de toiture, le charpentier exerce un métier à risque, le respect de protocoles de sécurité s’impose.

Comme tous les artisans spécialisés dans la construction, la réparation ou l'entretien de toiture, le charpentier
exerce un métier à risque, le respect de protocoles de sécurité s'impose. crédit photo : fotolia© minicel73

 

Isabelle Barèges




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