On peut voir, en se promenant dans nos campagnes, que la sélection et la concurrence des plantes vis-à-vis des conditions naturelles de sol, de température et de pluviosité, contraignent nos végétaux à développer des "solutions comportementales" efficaces et durables.
En outre, la gestion humaine de ces 50 dernières années a modifié durablement nos paysages et la présence des arbres et des arbustes typiques de notre Lauragais. Le chêne a disparu de nos plaines, les érables champêtres tentent de résister aux outils de coupe, les ormes n'ombragent plus le bord de nos routes, les saules, noyers ont quitté nos fossés, laissant le champ libre aux espèces pionnières et envahissantes que sont les robiniers, ailanthe et peupliers. Quant à tous nos arbustes (viornes, cornouiller, prunus, sureaux, genêts, rosiers) ils sont annuellement broyés par les épareuses.
Malgré cette si-tuation, certaines espèces font de la résistance ! Notamment, le frêne. Grâce à son développement racinaire, cet arbre reste très puissant et très réactif à son milieu et possède donc de nombreux atouts pour s’adapter et résister.

Des végétaux adaptés au Lauragais
Chez soi, avant même de planter, il faut considérer les avantages et les inconvénients de nos sols, de la pluviométrie, et des températures saisonnières. Nos terrains sont composés d’un mélange d’argile et de calcaire, lourds, froids et asphyxiants durant les hivers, et secs au cours des étés. Depuis 10 ans les apports naturels d’eau sont de plus en plus disparates, et très contrastés. Les températures tout au long des années sont variables et peu stables. Le Lauragais subit des périodes de froid et des "coups de chaud" soudains ainsi que des pé-riodes d’excès d’eau, alternant avec des périodes de manque total.
Avec les à-coups "très marqués" des températures et devant des sécheresses répétées, toutes nos plantes "souffrent". Dans nos jardins comme en forêt, les parasites de blessures sont de plus en plus présents. Les insectes, champignons ou virus trouvent des plantes fragilisées et affaiblies par des manques d’eau. Et chaque année un peu plus, nos plantes de jardins perdent leurs feuilles, puis quelques rameaux, pour enfin se déshydrater complètement. Afin, de limiter ces risques, un bon choix des espèces et des variétés de plantes s’impose.

Le choix des variétés
Pour réussir son aménagement de jardin il faut donc choisir des plantes qui doivent s’adapter et résister. Et devant ces contraintes naturelles ou provoquées, la nature et la biodiversité végétale nous ont donné toutes les solutions à nos problèmes. Car il existe dans chaque famille de plantes des espèces ou des variétés extraordinaires du point de vue floral, ornemental qui sont parfaitement adaptées à notre Lauragais et à chaque situation et contraintes de nos jardins.
Par exemple, il existe dans la famille du genre acer ou érables : 190 espèces différentes, originaires d’Eu-rope, d’Asie ou d’Amérique. Dans chacune de ces espèces, on trouve des variétés aux feuillages différents (couleurs, formes), aux développements contrastés (de quelques mètres jusqu’à 25 mètres de haut), aux silhouettes et formes opposées (droite, arrondie, large). Ainsi, pour chaque jardin, en plein soleil ou à l’ombre, en sols secs et calcaires comme en situation fraîche et humide, on trouve des érables adaptés à chaque jardin.
Cet immense choix existe depuis toujours et pour toutes les espèces de plantes, mais il faut souvent chercher et s’informer avant de trouver la "bonne plante" qui convient à son aménagement de jardin.
Il existe des forsythias panachés et rampants, des magnolias "nains" et d’autres fleurissant jaune, des sauges ou des potentilles aux fleurs bleues, rouges, jaunes, des caryoptéris aux feuillages dorés, des ceanothes aux feuillages panachés, des abélias de petites tailles, des lauriers roses aux fleurs triples et parfumées, des viornes et des buddleias offrant feuillages et couleurs florales en toutes saisons… L’inven-tion, la sélection et la diversité végétale sont infinies !
Si l’on recherche des plantes "plus robustes" et "plus naturelles" le jardinier devra se tourner plutôt vers les familles végétales existant naturellement ou connues pour résister dans notre région : érables, chênes, saules, peupliers, frênes pour les arbres et viornes, pruniers, pommiers, rosiers, noisetiers, buddleias, cotoneasters pour les arbustes.

En ce qui concerne les conifères et résineux, qu’ils soient de grande tailles (cyprès, ifs ou cèdres) ou de tailles plus petites (juniperus rampants, thujas de rocailles), on peut observer depuis 10 ans de très grosses difficultés à résister aux conditions climatiques. L’amateur voit progressivement des rameaux se déshydrer un par un, et au bout de quelques années ces arbustes et arbres qui finissent par mourir.
Côté fleurs de petites tailles, face à une augmentation du "manque d’eau", les aménagements se sont progressivement tournés vers des plantes moins gourmandes en eau et en entretien. Les begonias, pélargoniums, surfinias perdent progressivement leur place au profit de la verveine, des oeillets et des vivaces plus robustes.
Plus il existera un grand nombre d’espèces végétales autour de sa maison, et plus le "curieux" pourra observer le retour d’une faune et d’une flore riche de formes et de couleurs. En plantant bien et varié on peut habilement fixer et pérenniser les pollinisateurs, les insectes et les oiseaux. La protection de l'environnement et la participation à la conservation des espèces végétales (biodiversité) est donc "à la portée de tous".

Une étape importante : la plantation
Après avoir choisi ses végétaux, une "solide préparation du sol" sera réalisée. Pour cela, il faudra incorporer des sables, pierres et gravillons ainsi qu’un peu de matières organiques (compost / amendements) dans des trous de plantations très importants en volume : 1 à 2 m3 pour un arbre et un défoncement "en plein" pour l’implantation d’un massif ou d’une haie. Dans ces conditions, et avec un minimum d’entretien (arrosages), le développement annuel des arbres et des arbustes pourra largement dépasser 1 mètre de long.
Des paillages minéraux de "type gravillons roulés" et un système de goutte à goutte pourra être positionné. Ainsi pour économiser, rentabiliser les apports d’eau, et diminuer voire supprimer tous les traitements phytosanitaires, il faudra mettre chaque végétal dans des conditions de croissance racinaire optimale.
En plus d’une bonne préparation de sol et d’une plante de qualité, n’oublions pas que c’est l’action combinée de "la vie du sol" et du "développement perpétuel des ra-cines" qui va assurer la bonne croissance de nos plantes de jardin et le vieillissement des arbres centenaires de nos parcs. (Pour plus de renseignements, voir l'article du même auteur dans le Couleur Lauragais n°60 ou sur www.couleur- lauragais.fr/pages/journaux/2004/cl60/nature2.htm)

Les nouvelles espèces végétales
Même si certains évoquent un changement climatique, il est peu probable que nous voyions demain des forêts de pins ou de chênes verts dans le Lauragais. Mais, par contre, nous pourrions observer dans nos jardins et tout au long de nos paysages l’introduction de différentes espèces et variétés de frêne, chêne, prunus et salix (saule) mieux acclimatés aux possibles bouleversements climatiques de notre région.
Nous n’aurons pas non plus des jardins remplis de palmiers, de lauriers roses, d’eucalyptus et d’oliviers car ces plantes ont des comportements "ins-tables" face à nos sols, nos températures et notre hygrométrie.
Dans le plus pur respect de notre environnement local, de nos paysages, et de notre histoire, il est primordial, d’abord, de réa-dapter et de décliner en multiples variétés les es-pèces locales, soit en conservant les "espèces types" soit en choisissant de nouvelles variétés plus résistantes. Nous pouvons aussi choisir et tester de nouvelles espè-ces végétales en respectant certains critères. Car il ne faut pas oublier qu’elles ont participé à la renommée et à l’histoire de nos parcs arborés.

Il est donc urgent de bien choisir ses plantes … pour que nos enfants redécouvrent la faune et la flore des paysages, des parcs et des jardins du Lauragais !

Alain BAERISWYL
ATPV

Crédit photos : Alain Baeriswyl

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