Arrosage et économies d'eau
au jardin
Le Lauragais a connu des étés de sécheresse ces dernières années. Avec les restrictions d'eau qui accompagnent cette sécheresse, se pose la question de la gestion des arrosages et de l'eau utilisée au jardin. L'eau est une ressource précieuse, indispensable à tous les êtres vivants et un bien commun qu'il nous faut gérer de façon durable.
Au jardin, plusieurs gestes simples suffisent à économiser l'eau. Les arrosages peuvent être réduits en utilisant des techniques de paillage tant pour les arbres que pour le potager. Bien gérer l'arrosage et utiliser du matériel efficace empêchera le gaspillage. La récupération et le stockage de l'eau de pluie permet de limiter l'utilisation de l'eau de ville au jardin
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Au pied de la haie, les copeaux de bois limitent
les mauvaises herbes et conservent l'humidité
Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
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Utiliser la technique du paillage pour limiter les arrosages
Que ce soit au potager, dans les massifs, dans les haies, au verger ou dans les pots, la technique du paillage limite les arrosages de moitié et favorise le développement des plants. Le paillage est un mode d'entretien des plantations qui consiste à déposer à leur pied un matériau formant un écran. Ce paillis agit de quatre manières :
- il empêche le développement des herbes qui pourraient pousser au pied de la plante cultivée ; ces herbes sont des concurrentes pour l'eau, le soleil et les nutriments du sol,
- il conserve l'eau du sol en limitant son évaporation,
- il atténue les variations de température du sol tant en hiver qu'en été,
- il améliore le sol en favorisant l'action des animaux, champignons et bactéries du sol. Ces organismes aèrent et enrichissent le sol en décomposant la matière organique.
L'herbe sèche du jardin peut servir pour pailler les massifs - Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
En fonction du type de plantes paillées, le paillis doit durer plus ou moins longtemps.
Au potager, le paillis utilisé peut se dégrader rapidement car il sera remis en place chaque année à la plantation. S'il est décomposé, il pourra être intégré au sol en hiver.
Pour les massifs, haies, vergers, le paillis doit durer 2 à 3 ans pour accompagner le développement des jeunes arbres. Après trois ans, les racines des arbres et des arbustes sont suffisamment développées pour éviter la concurrence de l'herbe.
On peut jouer sur l'épaisseur du paillis pour faire varier sa durée de vie ou sur le type de matériaux.
Pour pailler, il est préférable d'utiliser des produits biodégradables ou naturels pour éviter de polluer l'environnement.
- Les paillis organiques (issus majoritairement de matières végétales) ont l'avantage d'enrichir le sol en s'y décomposant.
- Les films ou bâches plastiques sont des substances polluantes qu'il faudra retirer du jardin. Ils devront ensuite être déposés en déchetterie pour être recyclés. Ils ne sont pas favorables à la vie du sol et à son enrichissement naturel en nutriments.
- Les paillages d'origine minérale comme les graviers sont peu altérables et vont rester dans le sol.
Les copeaux sont étendus au pied des plantes cultivées - Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
Les matériaux utilisés pour le paillage peuvent soit provenir directement du jardin, soit être achetés.
Différents matériaux présents dans le jardin ou proches du jardin peuvent être utilisés pour pailler les plantes :
- La paille de céréales est le mode de paillage traditionnel. Elle peut être récupérée chez un agriculteur voisin. Étendue au pied des tomates, aubergines, et autres légumes, elle joue parfaitement son rôle pour une année de jardinage. Pour les arbres, les arbustes et les fruitiers, il faut la renouveler pendant deux à trois ans.
- La tonte de gazon peut être utilisée en couche autour des plants. Elle doit être préalablement séchée quelques jours au soleil (étaler avant séchage). Elle dure moins longtemps que la paille et doit être renouvelée plusieurs fois.
- Les copeaux de bois sont le résultat du broyage de branches d'arbres et d'arbustes. Ils sont utilisés pour le paillage des haies, des fruitiers ou des arbres isolés. Tous les résidus de taille de votre jardin peuvent être broyés pour fournir des copeaux. Il faut les déposer au pied du plant en épaisse couche de 12 à 15 cm d'épaisseur et sur une largeur d'au moins 60 cm.
Des copeaux de bois peuvent être achetés en sachets en jardinerie ou en vrac sur les sites de compostage.
- Du carton peut être placé au pied des plantes du potager. Il se dégradera plus ou moins vite en fonction de l'humidité.
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Avec ce broyeur de jardin,
les branches sont transformées en paillage
Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan |
Les rouleaux de fibres de lin se déroulent au potager
Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan |
D'autres matériaux sont vendus en jardineries ou dans les pépinières :
- Les paillettes de lin et de chanvre. De décomposition rapide, elles doivent être renouvelées plusieurs fois au pied de la haie.
- Les feutres de fibres végétales issues du recyclage des déchets (jute, bois, chanvre, lin). Pour les haies et arbres fruitiers, ils doivent avoir une densité de
1400 g/m2. Ils se présentent sous forme de rouleaux ou de carrés individuels. Ils sont adaptés pour les plantations en talus. Il existe des feutres moins épais adaptés au potager. En fibre de lin, ils sont déroulés sur le sol.
Gérer l'arrosage pour limiter les quantités d'eau utilisées
L'efficacité de l'arrosage dépend de la période de la journée, des quantités et du matériel utilisé. Les informations ci-dessous prennent en compte la présence d'un paillage au pied des plants.
Il est préférable d'arroser le soir. L'évaporation de l'eau qui tombe au sol sera diminuée de moitié par rapport aux heures chaudes de la journée. La plante pourra mieux profiter de l'eau apportée.
Pour prélever l'eau et les nutriments contenus dans le sol, la plante transpire, elle rejette de l'eau au niveau de ses feuilles. Aux heures chaudes de la journée et en cas de sécheresse, les végétaux régulent leur transpiration et se mettent en repos pour ne pas perdre trop d'eau. Arroser lors de ce repos perturbe leur fonctionnement et les fragilise.
Un arrosage abondant à quelques jours d'intervalle est préférable à un arrosage superficiel tous les soirs. Pour imprégner un sol, il faut une quantité d'eau importante. S'il est argileux, il aura une capacité de rétention importante, c'est-à-dire un grand volume d'eau retenu par le sol, qui peut libérer de l'eau à la plante plusieurs jours.
Au potager, un arrosage tous les deux jours est suffisant pour les plantes les plus exigeantes. Les cultures de printemps et d'automne demanderont moins d'arrosage.
Pour les arbres et arbustes des massifs, de la haie ou du verger, l'arrosage est nécessaire à la plantation. Les trois premières années, les arbres et arbustes peuvent être arrosés en conditions difficiles. L'arrosage doit se limiter aux périodes d'activité des arbres et arbustes et de fructification des fruitiers (printemps et automne) et seulement en période de faibles précipitations. En été la plupart des arbres sont au repos pour lutter contre la sécheresse. Les arroser pourrait déclencher une réaction qui leur serait défavorable dans des conditions difficiles. Les plants n'ont plus besoin d'être arrosés une fois bien installés.
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L'arrosage goutte à goutte permet d'apporter l'eau directement à la plante en limitant l'évaporation
Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
Certain matériels d'arrosage permettent de réduire les pertes d'eau. Le choix du matériel adéquat dépend des besoins en eau, du type de jardin et du budget.
Les systèmes d'arrosage les plus économes en eau sont ceux qui permettent d'apporter la quantité d'eau suffisante au bon endroit avec une pression relativement faible : arrosoirs, tuyaux microporeux, tuyaux avec goutteurs incorporés (goutte-à-goutte).
L'arrosoir reste le système le plus économique et permet de maîtriser la quantité d'eau apportée.
Les tuyaux microporeux et goutte-à-goutte délivrent de l'eau sous faible pression au niveau de petits trous percés dans le tuyaux ou au niveau de goutteurs. Les tuyaux microporeux sont les plus adaptés pour le potager car ils peuvent être déplacés facilement. Les goutte-à-goutte sont utilisés en position fixe comme au pied d'une haie. Ces tuyaux peuvent être couplés à un programmateur.
Récupérer les eaux de pluie pour limiter l'utilisation d'eau potable
Pour arroser son jardin, l'eau utilisée est le plus souvent celle du robinet. C'est de l'eau potable qui a été traitée pour être consommée. Elle a un coût non négligeable. Il est possible de récupérer l'eau de pluie qui coule dans les chenaux et de l'utiliser pour arroser son jardin.
Il existe de nombreux systèmes de récupération d'eau pluviale. Il est nécessaire de bien évaluer ses besoins en matière de quantité d'eau utilisée, de place disponible et de budget pour choisir le matériel le plus adapté. Les systèmes sont composés d'un collecteur à monter sur la gouttière et d'un réservoir. Pour calculer le volume de votre cuve, trois paramètres doivent être pris en compte : les précipitations locales, la surface de récupération d'eau de pluie (surface de toiture), la consommation d'eau de pluie.
Pour arroser un petit potager un réservoir extérieur peut suffire, il en existe de contenance allant de 150 à 1000 litres. Si vous avez une grande surface à arroser ou que vous avez besoin de place sur votre parcelle, vous pouvez opter pour une cuve enterrée. Il faudra alors installer une pompe. Elle peut être connectée à un système d'arrosage intégré.
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Connecté à une descente de gouttière de la maison, le récupérateur récolte l'eau de pluie
qui est acheminée au jardin par un tuyau - Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
Choisir des plantes « économes »
La première façon d'économiser l'eau au jardin est d'utiliser des plantes sobres, économes vis à vis de l'eau. Le choix d'essences de pays pour les arbres et les arbustes permet d'avoir des végétaux adaptés aux conditions de climat et de sol. Elles se développeront mieux sans beaucoup d'apports d'eau.
La palette des arbres et arbustes du Lauragais est large et variée.
Pour les massifs ou les pots, le choix de plantes résistant à la sécheresse permet de faire des économies d'eau. Bien penser à la localisation des différentes plantes en fonction de leurs besoins en eau : en station ombragée ou en orientation nord. Sur les talus ou les buttes, en stations sèches, se tourner vers les essences lauragaises du sud. (Voir Lauragais Habitat N°1, 2005)
Nathalie HEWISON
Arbres et Paysages d'Autan
www.arbresetpaysagesdautan.fr
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Les carrés de feutres sont pratiques
pour les plantations sur talus
Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
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Les plants de légumes sont plantés
à travers le paillage en lin
Crédit photo : Ass. Arbres et Paysages d'Autan
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Bibliographie :
Brigitte Vu - 2007 - "Récupérer les eaux de pluie". Editions Eyrolles, 88 p.
Jean-Paul Thorez - 2005 - "Le guide malin de l'eau au jardin, écologie et économie. Terre vivante", 159 p.
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